Lendemain d’élections à venir

« … les nationalistes du Conseil préféraient décidément l’être à la raison d’être »

En 1908 encore, l’affaire Dreyfus n’en finissait pas d’étendre ses conséquences. Il faudra la guerre pour que tout le monde passe à autre chose, y compris L’Action française qui suspendra dès le début du conflit sa rubrique consacrée à rappeler les différents épisodes de l’Affaire et leurs développements, cela au nom de l’Union sacrée.

Le scrutin aura lieu dans quelques semaines quand Maurras écrit ce Lendemain d’élections le 28 mars 1908, dans L’Action française devenue depuis peu quotidienne. C’est qu’il va exposer, prendre pour exemple et proposer comme mise en garde ce qui s’est passé aux glorieux temps de Loubet et de Waldeck-Rousseau, en pleine Affaire, quand Paris irrité avait élu un conseil nationaliste. Continuer la lecture de « Lendemain d’élections à venir »

Bourget, le précurseur

Paul Bourget est aujourd’hui bien oublié. Ou du moins bien peu lu si l’on considère l’immense succès qu’il recueillit de son vivant ou si on le compare avec des contemporains étrangers comme Mark Twain ou Henry James.

Littérature datée ? manque d’originalité ? ou plus cruellement manque d’importance ? Il est vrai que Bourget n’appartient pas à ces géants qui bouleversent la littérature et qu’on ne peut ignorer bien longtemps même après un relatif purgatoire. Pas plus n’appartient-il à ces auteurs novateurs qui, à défaut d’un vaste génie, jouent un rôle clef dans l’évolution des idées et des styles. Pas même n’appartient-il à ces auteurs à propos desquels on s’échange une ferveur commune entre zélateurs enthousiastes : Léon Bloy, Alexandre Vialatte, ou encore Malcolm Lowry. Le Disciple, événement considérable en son temps, est parfois encore lu. Mais c’est plus comme un témoignage d’époque que comme une œuvre littéraire à part entière, et Bourget nous dessine la figure inattendue d’un grand écrivain qui ne fut reconnu, salué et apprécié comme tel que par ses contemporains. Continuer la lecture de « Bourget, le précurseur »

Décès de François Marie Algoud

Nous apprenons avec tristesse le décès de François Marie Algoud. Maurrassien historique connu de beaucoup de nos lecteurs, nous l’avions rencontré et il nous avait prodigué de généreux encouragements, nous fournissant également divers textes d’intérêt qui se retrouvent sur notre site.

Ses obsèques auront lieu le 10 janvier 2012 à 10h30, à la Collégiale Notre-Dame de Poissy (Yvelines). Conformément à ses vœux il n’y aura pas de fleurs, mais une liste d’œuvres qui lui étaient chères et que l’on peut soutenir sera disponible sur place.

Quand la Douce Mort se fait moins douce

Le sixième des contes du Chemin de Paradis, troisième de la série des « Voluptés », est sans doute le plus secret de tout le recueil. Il fait partie des inédits, c’est à dire qu’il n’a été publié dans aucune revue avant la parution de l’édition de 1894 ; et dans l’édition de 1921, il est réduit de deux bons tiers de son volume, ne subsistant qu’à travers quelques tableaux privés de leur introduction et de leur fil conducteur. Pis encore : Maurras avertit le lecteur qu’il n’aura rien perdu à cette amputation, car « la pauvre donnée primitive mérite à peine les miséricordes muettes de l’oubli », affirme-t-il. Continuer la lecture de « Quand la Douce Mort se fait moins douce »

Les colonies du point de vue empirique

« Ce vocabulaire sentimental présente assez mal la question. Voyons les faits. »

Voilà, sur le sujet des colonies, un texte tiré des Cahiers de la république des lettres en 1928, et qui résume non seulement les préoccupations de Maurras sur ce sujet, mais qui illustre aussi comment sa démarche est comprise.

Car comment expliquer que l’on nous rabatte si souvent les oreilles du fameux empirisme organisateur, dont Maurras parle somme toute très peu, sinon dans les Trois Idées politiques ? Sans doute une certaine fossilisation de la lecture de Maurras en est responsable. Mais cette fossilisation même, où a-t-elle bien pu prendre sa substance ? au point qu’on entend parfois parler de l’empirisme organisateur comme si Maurras y avait consacré des volumes entiers, comme s’il l’avait théorisé de la même manière que le matérialisme historique l’a été par Marx ou le « libéralisme » — au sens anglo-saxon — par Rawls ? Continuer la lecture de « Les colonies du point de vue empirique »

Olivier de Serres ne ment pas

« L’une des plus nobles et des plus pures gloires de la patrie française » : Maurras ne parle là ni d’un militaire, ni d’un saint ni d’un ministre royal, mais d’un agronome, Olivier de Serres, auteur à la toute fin du seizième siècle du Théatre de l’agriculture et mesnage des champs. Maurras l’avait cité parfois dans les textes que nous avons publiés, en particulier dans Le Théorème du cyprès. Le Théâtre est un vaste manuel d’agriculture et de vie rurale, à la fois dans la tradition des traités antiques comme le De re rustica de Caton et déjà proche des traités modernes avec leur préoccupation de productivité rationelle et de juste profit.

Voilà bien Maurras sur la fin, s’écrirera-t-on, soutenant les lubies ruralistes et agricoles de la Révolution nationale ! Eh bien non : ce texte date de 1887, dans La Réforme sociale, et Maurras n’a pas vingt ans. Continuer la lecture de « Olivier de Serres ne ment pas »