Maurras critique (pdf) – Article d’Antoine Compagnon dans la Revue d’histoire littéraire de la France, n° 105, 2005.
Auteur/autrice : Nicolas
Des habits neufs
Comme vous le voyez, notre site a changé d’aspect. Quelques impératifs techniques nous contraignaient à une mise à jour, l’ancien habillage s’est révélé ne plus fonctionner une fois remis sur ces épaules nouvelles. Il a donc fallu en changer, une chose en a entraîné une autre… Les habitués ne seront pas perdus, nous l’espérons, et les nouveaux venus seront les habitués du prochain rhabillage !
Tout n’est pas encore parfait, surtout dans les archives les plus anciennes, et il manque encore la galerie, mais c’est l’affaire de quelques jours.
Souvenirs de lettré
On connaît la maxime célèbre de Confucius à qui l’on demandait quoi faire face au désordre et à la décadence : « restaurer les dénominations ». Mais l’on pourrait citer Maurras plutôt que Confucius :
Nous devons maintenir qu’en un âge où la parole imprimée ou sonore tient une place si considérable, il importe que le plus grand nombre de Français sachent le sens des mots qu’ils emploient : cela ne se peut sans le grec et le latin. Nous devons obtenir qu’en une heure où les technicités professionnelles enfoncent de plus en plus l’esprit des hommes dans les spécialités les plus étroites, une vaste culture générale soit le plus répandue possible ou l’immense majorité ne s’entendra plus parler ni penser : cette culture ne se peut pas non plus sans latin ni sans grec.
Action politique ou action sociale ?
Politique d’abord ! mais l’action sociale alors ? Le débat est récurrent, déchaîne à l’occasion les passions. Maurras y revient en 1937, dans une lettre publiée par L’Étudiant français à l’occasion de querelles avec divers mouvements, dont les Croix de feu du colonel de La Rocque.
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Un discours maurrassien
À quoi ressemblait un discours de Maurras ? Pas un grand discours vibrant reproduit dans l’AF, mais un de ceux qu’il devait faire plusieurs fois par mois, devant une assistance restreinte ? Eh bien en voilà un, que reproduisait en 1938 L’Étudiant français. Petit discours de circonstance, donné pour un dîner des avocats proches de l’Action française, en février 1938, au restaurant Noël Peters — endroit mémorable s’il en est puisque le homard à l’américaine y fut inventé.
Un tel discours, c’est un mélange des circonstances du moment (ici le dîner des avocats, on parlera donc de droit), d’actualité (le Front populaire continué par Chautemps et les lointaines suites de l’affaire Stavisky), de souvenirs glorieux (l’autre Affaire, fondatrice) et de principes politiques (le rappel à la monarchie) ou moraux (les conditions d’une société juste).
Les « Pédés », héritiers abusifs de La Tour du Pin
Que l’on se rassure, point de discrimination condamnable dans notre titre. Les Pédés, en 1934, dans les colonnes de L’Action française, ce sont les membres du Parti des Démocrates populaires, lointains héritiers des catholiques sociaux, qui ont abandonné en chemin l’essentiel du catholicisme et qui ont troqué la préoccupation sociale pour la démagogie électorale socialiste, comme va nous l’expliquer Maurras. La plupart de ces tristes et plats politiciens se retrouveront après guerre au MRP.
C’est qu’en 1934 Maurras marquait d’un long article le centenaire de René de la Tour du Pin. Y aura-t-il quelqu’un pour marquer le bicentenaire ? Et surtout avec quel écho ? Car malgré la ferveur des cénacles de royalistes sociaux, on trouverait avec peine une fraction du public, même cultivé, pour aujourd’hui connaître autrement que de nom le maître du catholicisme social…
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