Qu’est-ce qui est premier ? la doctrine royaliste ou le prétendant qui devrait l’incarner ? Le royalisme est-il la fidélité à une personne ou l’adhésion à une idée ? Notre texte d’aujourd’hui, « Le Prince et l’avenir » nous éclaire quelque peu.
On sait qu’il n’y a pas de réponse simple à la question. Et chez Maurras moins qu’ailleurs, tant ses rapports ont été compliqués, parfois tendus, avec les princes et leurs entourages.
« Philippe VIII » est un prince que Maurras a apprécié, auquel il a prodigué des éloges constants et sans doute une vraie affection, auquel il rendra un vibrant hommage à sa mort. Autant dire que l’on était là dans les meilleures dispositions possibles.
Et pourtant, c’est bien la doctrine qui semble première dans cet article de la Gazette de France en février 1907. Ce n’est qu’après une longue présentation des raisons du royalisme politique et de ses perspectives que Maurras précise :
« Nous ne l’essaierions point avec autant de ténacité, nous y mettrions moins d’enthousiasme et de bonne humeur si nous servions un autre Prince. »
Le Prince a beau être un point cardinal et essentiel, le royalisme de Maurras n’est pas sentimental, n’est pas de pure fidélité, de tradition familiale ou d’attachement irraisonné. Chaque chose étant à son rang, l’affection ou une fidélité qu’on ne dira pas ici romantique peuvent avoir leur importance, c’est entendu et sans doute évident. Mais elles ne sont pas premières.