Après le Prologue d’un essai sur la critique (1896) et La Décadence de M. Ferdinand Brunetière (1899), nous publions aujourd’hui Critique et Action, une préface rédigée en 1924 qui vient en quelque sorte parachever et conclure les réflexions ouvertes dans les deux premiers articles.
Dans ce triptyque assemblé a posteriori, Maurras expose les principes dont doit, selon lui, s’inspirer la critique littéraire pour être à la fois pertinente et utile, tant aux auteurs qu’aux lecteurs et à la société toute entière.
Critique et Action introduit le recueil d’articles Barbarie et Poésie, qui paraît en 1925, alors que Maurras a délaissé son activité de critique depuis une vingtaine d’années. C’est donc d’abord un regard rétrospectif, une mise en perspective et un reclassement d’articles de jeunesse les plus divers, où l’on retrouve le dialogue avec Jacques Bainville Ironie et Poésie.
C’est aussi pour Maurras le lieu de justifier l’arrêt, déjà ancien, de sa production critique : en se consacrant exclusivement à l’action politique, il ne rompt pas avec son combat passé, dit-il, mais le prolonge et lui donne une autre dimension. On sera convaincu par ces arguments, ou pas ; on sait que de nombreux commentateurs ont, à l’époque, vivement regretté que Maurras ait ainsi quitté ses premières amours.
Mais Critique et Action est aussi un rappel et une remise à niveau des thèmes du Prologue, le recul du temps donnant à la condamnation du romantisme et de ses différents avatars un sens à la fois plus global et plus politique. Entre autres, Maurras récuse l’argument générationnel selon lequel on est romantique quand on est jeune et impétueux, puis l’on devient classique à mesure que l’on s’assagit avec l’âge ; non, explique-t-il, on peut être classique avec la fougue de la jeunesse et romantique avec le conformisme de la sénilité !
Sous une forme expurgée, Critique et Action reparaîtra au tome III des Œuvres capitales, en introduction du chapitre Bons et mauvais maîtres.