Alors qu’en mars 1908 L’Action française quotidienne commence à paraître, l’affaire Ullmo est toujours bien présente dans les esprits mais un autre scandale, financier celui-là, fait déjà la une des journaux : l’affaire Rochette.
Sorte de Madoff de l’époque, Rochette fait s’évaporer des millions à coups de faux bilans grossièrement truqués, ruinant quantité de particuliers : ni la tutelle bancaire ni le ministère des Finances n’y trouvent rien à redire avant que l’affaire ne finisse par éclater, éclaboussant une fois de plus le gouvernement et le parlement de cette troisième République dont Maurras a si souvent dénoncé le caractère ploutocratique. Briand et Clemenceau – qui avait dû à son opportune posture dreyfusienne de sortir du discrédit où l’avait enfermé le Panama – ne sauvent que de peu le gouvernement du scandale, d’autant que, curieusement, les petits épargnants se révèlent plus prompts à accuser les politiques que Rochette lui-même, lequel semble bénéficier d’un certain capital de sympathie chez ceux-mêmes qu’il a escroqués.
Mais du scandale, dont le numéro de l’AF du 25 mars 1908 parle amplement, Maurras saute bientôt aux enseignements : c’est le régime qui est responsable bien plus que son personnel et à la faveur d’une coïncidence avec une mesure de clémence pour les faillis, il pointe le laxisme des peines, qui, dans tous les domaines, poussent au crime.
Prévention certes – Maurras la voit surtout dans les vertus du corps social –, mais répression assurément.
Dans ce court article qui est le premier à s’intituler « La Politique » et à être signé par Maurras, on retiendra aussi ce mot expressif : l’humanitairerie.