Corps glorieux ou Vertu de la Perfection est un livre d’art édité en 1928 chez l’imprimeur Léon Pichon, puis l’année suivante chez Flammarion. Maurras présente ce texte comme un prolongement immédiat de la préface de La Musique intérieure ; c’est également une suite au Tombeau du Prince puisque Maurras précise qu’il en a rédigé l’essentiel lors de son passage à Rome, au retour de Palerme où il s’était rendu pour les funérailles du duc d’Orléans.
Un large extrait en avait déjà été publié dans le numéro de Noël de L’Illustration du 4 décembre 1926. Le texte sera ensuite repris, en 1937 dans Les Vergers sur la Mer, en 1939 dans Le Voyage d’Athènes, puis dans les Œuvres capitales. Il ne sera donc livré au grand public que plus de dix ans après son écriture ; peut-être faut-il y voir un effet de la condamnation vaticane de fin 1926. En effet, cette réflexion philosophique sur la Mort, écho lointain de la découverte d’Athènes que fit Maurras en 1896, n’est pas explicitement anti-chrétienne, mais n’aurait pas manqué de passer pour telle dans le climat de polémique avivée qui suivit immédiatement la condamnation. Maurras préféra dès lors une diffusion confidentielle à ses amis bibliophiles.
Très court (moins de 5 200 mots) par rapport à sa densité, truffé de citations mythologiques, poétiques et littéraires, Corps glorieux ne fait aucune incursion dans l’actualité ni dans la modernité. Mais il suffit d’un peu d’attention au lecteur d’aujourd’hui pour en saisir toute la charge subversive, et mesurer toute la distance entre la Mort athénienne que chante Maurras et la « fin de vie » proposée par notre actuel modèle social hédoniste et mercantile.
xx legend : Le bas relief mortuaire d’Heghêso évoqué par Maurras