Sur la « profanation » rouennaise

D’après plusieurs sources concordantes (1, 2, 3, 4 AFP via Orange), il avait été annoncé que le monument commémorant la victoire de la Grande Guerre à Rouen avait été endommagé par malveillance.

Ce monument est l’œuvre de Maxime Real del Sarte qui avait donné les traits de Charles Maurras à l’un des deux soldats représentés ; c’est cette statue qui a été gravement endommagée.

Monument à la Victoire de Rouen
Monument à la Victoire de Rouen.

Il semble que la ville de Rouen ait éclairci les choses, et un reportage de France 3 Normandie corrige les premières informations : c’est le gel qui aurait endommagé le monument.

La ville n’a cependant pas – encore – répondu à nos demandes d’information.

Maurras et le Félibrige

Cette étude, Maurras et le Félibrige, de Victor Nguyen, dont une première version avait été présentée sous forme de communication orale le 9 juin 1977 lors d’une rencontre organisée au château de Barroux sur le thème « Félibrige et Régionalisme », a été publiée en trois parties, au cours des années 1979 et 1980, dans la revue La France latine. Nous en reprenons ici le texte seul, dépouillé de ses 143 notes dont le volume cumulé représente environ trois fois ce texte lui-même.

Partant de l’évocation du Félibrige proprement dit et de la jeunesse de Maurras, marquée par ses premières rencontres avec Mistral et par la fameuse Déclaration des jeunes Félibres fédéralistes de 1892, Victor Nguyen remet dans sa perspective historique l’incessant combat que dut livrer l’auteur de L’Idée de la décentralisation, contre lui-même, ses proches et les événements, pour expliquer et incarner sa synthèse entre nationalisme et régionalisme, autorité en haut, libertés en bas ; de là, notre auteur passe vite à l’analyse des origines et de la dynamique du mouvement occitaniste tout entier, depuis ses rapports avec l’Action française jusqu’aux convulsions existentielles qui le secouent au moment de la rédaction de l’étude.

Le détail et l’essentiel

Le journal L’Intransigeant organisa en 1909 un concours auprès de ses lecteurs : il s’agissait de désigner « le plus beau vers français ». Il reçut plus de six mille réponses. Dans un court billet paru dans L’Action française du 11 mai 1909, et repris en 1933 dans le Dictionnaire politique et critique, Maurras s’élève contre le principe de cette consultation qui participe selon lui d’une mode perverse où l’essentiel cède la primauté au détail. Or le génie classique n’est pas dans le détail, mais dans la composition, et isoler, disséquer, trop analyser, c’est mutiler et trahir, c’est quitter le point d’observation idéal d’où l’on peut embrasser toute l’œuvre et en saisir tout le sens. On retrouve ici, en quelques mots simples, les griefs qu’en d’autres articles plus argumentés Maurras a pu faire à Marcel Schwob ou à Ferdinand Brunetière.

Le maurrassisme et la notion de contre-révolution

De Maurras à la contre-révolution, le lien semble être évident et d’affirmation facile. Maurras n’était-il pas « contre la Révolution » ? les noms de Maistre et Bonald ne viennent-ils pas spontanément quand on évoque Maurras et sa formation ? et les contre-révolutionnaires ne se sont-ils pas incarnés longtemps dans l’Action française au point que l’on a pu peiner à en distinguer ailleurs ?

À y regarder de près, cependant, les choses sont plus nuancées et révèlent des articulations plus fines : mettre en valeur ces nuances et questionner avec une méthodologie serrée d’histoire des idées cette notion de contre-révolution est le propos de Tony Kunter, qui s’entretient avec neuf personnes liées à ces thèmes par leurs fonctions, leurs champs de compétence ou leur histoire personnelle comme familiale :

Michel Fromentoux ;
Nicole Maurras ;
Jean de Bonald ;
Hilaire de Crémiers ;
Pierre Pujo ;
Claude Goyard ;
Henri Gept ;
Stéphane Giocanti ;
Jean Bastier.

Les doctrines royalistes françaises depuis la Révolution

Tony Kunter nous présente et nous résume un ouvrage qui reste intéressant et important bien qu’il date des années trente : French Royalist Doctrines Since The Revolution, de Charlotte Touzalin Muret, paru aux presses de l’Université de Columbia en 1933.

L’ouvrage est difficile à trouver dans son édition originale, mais il en existe une réimpression chez Kessinger Publishing.