Lavisse retrouvé

La République c’est aussi quelques noms. Parmi ces noms, il en est peu qui soient aussi liés pour nous à la Troisième République que celui d’Ernest Lavisse qu’évoque Maurras dans ce « M. Lavisse retrouvé » du 24 août 1914. Historien officiel couvert d’honneurs, sans cesse édité et réédité, personne n’a eu une plus déterminante influence qu’Ernest Lavisse dans la diffusion de ce qu’on est convenu d’appeler le « roman national », vaste reconstruction a posteriori et somme toute assez consensuelle qui servait les intérêts du régime en y incorporant pour les écoliers et les collégiens des éléments soigneusement triés et réinterprétés. Y figurait en bonne place ce qui pouvait sinon rallier les opposants, du moins désarmer leurs justes préventions en rattachant malgré tout la France éternelle à la forme républicaine de son organisation politique du moment. Continuer la lecture de « Lavisse retrouvé »

Les 22 et 23 août 1914

« La loi est dure, mais éternelle : toutes les fois qu’une civilisation affronte une barbarie, la barbarie, même succombante, blesse la civilisation. Il faut s’y résigner ou consentir à une extrémité autrement effroyable, la victoire pure et simple de la barbarie. »

On connaît l’antienne : la France c’est la civilisation l’Allemagne c’est la barbarie. Certes. Mais le ton change subtilement ce 23 août 1914. Il n’est plus seulement à flétrir l’Allemagne. Comment se comporter soi-même ? doit-on répondre aux exactions par d’autres exactions en réprésailles ? On sait que les prétendues exactions allemandes seront largement utilisées par la propagande de guerre — et leur symétrique le sera tout aussi généreusement en Allemagne — au début du conflit. Que Maurras en parle n’a donc rien de surprenant. On est néanmoins soulagé de voir comme céder ce que son anti-germanisme pouvait avoir de plus évidemment excessif aux premiers jours la guerre pour retrouver une plus juste mesure morale, une manière de s’interroger qui ressemble plus au Maurras épris de claire raison que l’on connaît. Continuer la lecture de « Les 22 et 23 août 1914 »