Nous vous proposons un court texte sur Rousseau. Lorsqu’en 1942 une polémique sur Jean-Jacques s’engage entre les deux hommes, Henri Guillemin, qui vient alors de se réfugier en Suisse, n’était pas un inconnu pour Charles Maurras. Guillemin avait été le secrétaire de Marc Sangnier qu’une longue dispute jamais vraiment close avait opposé à Maurras, le premier appuyé par le Sillon et les milieux catholiques progressistes, l’autre appuyé par toute l’Action française. De plus Guillemin était devenu une figure des « chrétiens de gauche » et avait consacré avant guerre plusieurs ouvrages à Flaubert et Lamartine.
De Neuchâtel Guillemin met en cause Maurras dans plusieurs articles, auxquels ce dernier ne répond qu’avec une apparente réticence dans L’Action française du 16 avril 1942. Le texte est repris en 1944 dans Poésie et Vérité.
La longue querelle avec Sangnier et ses tenants sera évidemment terminée par la guerre puis le procès de Maurras, version modernisée de l’argumentum baculinum. Quant à Guillemin il se fera remarquer après-guerre et jusqu’à sa mort par des positions littéraires se voulant anticonformistes mais finalement bien dans l’air du temps, louant la Commune (Les Origines de la Commune, 3 vol. 1956-1960), revenant sur l’Affaire Dreyfus (L’Énigme Esterhazy, 1962), critiquant Péguy (Charles Péguy, 1981) ou tentant de réhabiliter Robespierre (Robespierre, politique et mystique, 1987).