Les derniers jeunes poètes

Nombre de lecteurs de Mes idées politiques auront retenu et cité avec délectation ces quelques phrases qui fondent la Tradition critique et qui renvoient dos à dos l’esprit conservateur et l’esprit révolutionnaire :

La méthode qui me sembla toujours la mieux accordée aux lois de la vie n’a jamais délivré un quitus général au « bloc » de ce que les Pères ont fait. En accordant à leurs personnes un respect pieux, l’esprit critique se réserve d’examiner les œuvres et les idées.

Mais l’esprit critique voit clair ; l’esprit révolutionnaire ne sait ni ne veut regarder. Du passé faisons table rase, dit sa chanson. Je hais ce programme de l’amnésie.

Non, point de table rase. Cependant, libre voie !

Mais, comme tous les aphorismes sélectionnés en 1936 par Rachel Stafani alias Pierre Chardon dans la masse des articles rédigés par Charles Maurras en quarante années, ni l’origine ni le contexte de la publication de celui-ci ne sont précisés.

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Le Zola désolant d’avant J’accuse

Émile Zola, l’icône incontournable de la bien-pensance sociale, la référence des références du courage, de la probité et de la droiture, l’homme qui avec Jean Jaurès et Victor Hugo compte une avenue dans chaque commune de France qui se respecte, Émile Zola, ce monument de la morale moderne, de l’humanisme démocratique, aurait-il eu des zones d’ombre ?

Ou du moins, est-il pensable qu’il ait pu être attaqué, critiqué, moqué, rejeté par des gens qui n’auraient pas été d’affreux cléricaux, des piliers de l’intolérance, des fourriers du fascisme ?

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« L’évêque innommé d’un diocèse inconnu »

Dans notre exploration progressive de L’Action française et le Vatican, nous avions laissé Maurras qui, le 9 janvier 1927, annonçait lui-même la condamnation par Rome.

Nous poursuivons dans le même receuil avec une intervention assez laborieuse d’un grand nombre d’évêques français, où la signature de Mgr Penon, au moins, avait été usurpée par ces promoteurs en avance sur leur temps de la collégialité épiscopale. Continuer la lecture de « « L’évêque innommé d’un diocèse inconnu » »

L’enseignement du latin

Le 3 novembre 1943, la zone Sud est occupée depuis bientôt un an. L’actualité n’est pas rose et la censure ne laisse rien passer. Maurras choisit, pour sa chronique dans Candide, d’offrir au public conservateur de ce journal un sujet qui ne fâchera personne : la défense de l’enseignement des humanités classiques, et de la langue latine en particulier.

Ce thème qui peut paraître aujourd’hui aussi décalé que la vénerie ou l’héraldique mérite d’être plus précisément resitué dans son contexte. On pourra alors remplacer « latin » par « histoire », ou par « culture générale », pour donner à ce badinage d’érudit une signification actuelle. Continuer la lecture de « L’enseignement du latin »

La mort de Pie XI

Maurras n’écrira pas d’article particulier lors de la levée de la condamnation romaine par Pie XII en juillet 1939, consacrant son énergie à d’autres tâches, emporté par la marche fatale des événements. En revanche, il est intéressant de retrouver, au point où nous en sommes de L’Action française et le Vatican, un autre texte de 1939 : la réaction de Maurras à la mort de Pie XI, le 11 février 1939.

L’article est complexe, comme l’on s’en doute. Il évoque à la fois Pie IX, Pie X et Pie XI pour illustrer le retour­nement du règne. Ce retour­nement n’a pas été complet avec l’Action française, puisqu’on sait que c’est le succes­seur de Pie XI qui l’accomplira. En revanche, dans la politique espagnole du pape, par exemple, il fut spectaculaire au point de rendre presque contradictoires les intentions de Pie XI qui vient de mourir. Continuer la lecture de « La mort de Pie XI »

L’incompréhension entre Paris et Rome

De la condamnation romaine, L’Action française rend compte dans son numéro du 9 janvier 1927 par un article de Maurras intitulé « L’Action française condamnée — les documents et les faits ». Dans le recueil L’Action française et le Vatican, l’article se compose, après une courte introduction, de quatre parties :

Article décevant ? il n’apprend rien de bien nouveau, chacun campant sur ses positions : Pie XI condamne, en soulignant dans sa lettre au cardinal Andrieu qu’il entend être obéi et donner des ordres aux catholiques français engagés en politique au nom des implications morales de leur attitude publique ; Maurras et l’Action française répondent que la politique française ne regarde pas Rome tant que la foi ou la morale n’y sont pas engagées, comprises comme préservant la juste liberté politique des peuples. Continuer la lecture de « L’incompréhension entre Paris et Rome »