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La mort de Pie XI
« La Politique »
11 février 1939

I
Un triomphe de l'Église

L'accueil universel fait au grand deuil de l'Église, établit quelle place S. S. le pape Pie XI 1 s'était assurée dans la pensée et dans le cœur du genre humain surtout depuis les dernières années. La menace hitlérienne et la menace communiste 2 levées, comme deux fléaux jumeaux, sur le monde, avaient opéré la convergence de tous les regards vers le seul point des terres où fût constituée une autorité capable de rassurer et de protéger. Cette autorité n'était que morale. Mais elle était universelle. Elle n'avait à sa disposition ni armes ni trésor. Mais elle pouvait mettre en mouvement et, au besoin, créer ou recréer toute la puissance matérielle dont la faiblesse a besoin contre la force injuste, le pauvre contre le mauvais riche, l'innocent, l'opprimé, contre un oppresseur criminel. Ce n'est pas la première fois que notre âge de fer est comparé aux durs moments du haut Moyen âge : si les maux sont les mêmes, les bienfaits qui dérivent du pontificat catholique romain y ont correspondu dans l'exacte mesure des nouvelles nécessités. Incessu patuit 3… À son pas, comme à son action, s'est révélée l'âme et la destination dans l'ordre temporel d'un sacerdoce supérieur  : les empires sont comme « l'Empire », leurs épées se sont toujours brisées contre la crosse. Autour du cercueil de Pie XI va se dérouler comme la plus émouvante des processions jubilaires 4, un des plus grands triomphes qui aient été remportés par l'Église.

II
L'agonie exemplaire

On vient de lire en tête de nos colonnes le portrait qu'a tracé de Pie XI l'homme de France qui est certainement le mieux placé pour faire vrai et pour dire juste en cette haute et difficile matière 5. En le lisant et le relisant, il ne m'est pas impossible d'en vérifier l'exactitude. La haute compétence de l'auteur semble venir au devant de quelques-une de nos réflexions.

J'ai beaucoup pensé à S. S. Pie XI. C'est pendant mes jours de prison de 1936–1937 que le Vieillard blanc opposait une constance et une sérénité magnifiques aux assauts de la maladie et de la douleur. On le voyait tenir avec toute son âme, on se rendait compte que l'esprit ne cédait absolument rien aux inerties de l'ordre physique, mais les surpassait, les domptait, utilisant toute éclaircie, se saisissant de la moindre relâche pour continuer la lutte incomparable menée contre la tyrannie qui vient d'Allemagne et la tyrannie qui vient de Russie. L'expérience de chacun ne permet pas d'ignorer les différences appréciables que la santé et son contraire impriment au fonctionnement habituel de l'esprit et même du cœur. Ici, rien de pareil. Le corps marchait ou ne marchait pas, obéissait ou n'obéissait pas. L'âme maîtresse n'arrêtait pas son commandement.

Henry Bordeaux rappelle ce Message de Noël, pareil à un tragique adieu, et qui n'en était pas un, puisque cette vie, la vie physique elle-même, s'est encore admirablement défendue pendant plus de deux ans.

III
La paix aux hommes de bonne volonté

Qu'y disait-il ? Qu'y demandait-il ? La paix. La paix aux hommes de bonne volonté, selon le texte du chant liturgique. Il faut avouer qu'un tel cri, dans des minutes pareilles, méritait d'émouvoir tout cœur un peu humain. Je ne suis pas le seul à en avoir été bouleversé.

D'un tel appel au monde, quel gage d'espérance, et de la plus haute ! La figure de Pie XI n'avait pas tardé à s'identifier avec cet espoir. Il en était devenu personnellement la suprême incarnation. Et ce qui a suivi, dans l'ordre des faits et des paroles, montre que telle était la volonté du Pontife. Toute menace à la paix l'éprouvait, l'ébranlait, l'alarmait : peu de temps avant l'invraisemblable défi italien du 30 novembre 6, sa parole vibrante dictait l'avertissement, et la mise en garde. Quelques mois auparavant, c'était au printemps 1938, l'arrivée à Rome du brutal Hitler le déterminait à sortir de la Ville éternelle : l'exil volontaire à Castelgandolfo annonçait, enseignait que, le cas échéant, l'Esprit doit échapper au Poing.

IV
Unité ou diversité ?

Quelques exégètes se multiplient déjà, et il en viendra bien d'autres, pour établir à tout prix un système d'unité absolue dans les développements du pontificat de Pie XI. Pas plus que l'auteur du portrait qu'on vient de lire et d'admirer, je ne crois que l'histoire admettra cette unification artificielle. Elle me semble fausse. Et le fait d'un changement de la politique pontificale dans le temporel ne me paraît nuire en aucune façon à l'honneur ni au mérite de celui qui en prit la responsabilité. Est-ce que la réaction de Gaète nuit à la mémoire du pape Pie IX 7 ? Comment la réaction de Castelgandolfo nuirait-elle à celle de son successeur ? Parce que nous les avions prévues ? L'histoire ne peut s'inquiéter de chétifs atomes tels que nous. Pie IX avait commencé par faire crédit au libéralisme, au constitutionnalisme, à la Révolution : la révolution romaine lui répondit en tuant son ministre, M. de Rossi, en le menaçant, lui, et en l'obligeant à prendre la fuite : Pie IX comprit ce qu'était la Révolution, fit le retour qui s'imposait, et devint le pape de la Contre-Révolution, bête noire de tous les libéraux et de tous les jacobins du vaste univers. Pie XI avait fait crédit au Germanisme et à la démocratie : celle-ci, comme il est rappelé plus haut, lui envoya pour réponse le Communisme ; l'Allemagne répondit par l'hitlérisme, les persécutions religieuses, la proscription consciente et organisée de l'élément catholique et surtout romain : Pie XI fit le même renversement que Pie IX. Mais sur un plan d'action plutôt que de doctrine. Pie IX était avant tout doctrinal, Pie XI homme d'action. Sans remonter ni à l'Allemagne ni au Germanisme, ni à la démocratie cause du bolchevisme, il fit à Hitler et à Staline l'opposition de cœur et d'âme, l'opposition morale et pratique la plus efficace et la plus terrible que l'une et l'autre tyrannies eussent rencontrées.

Ce retournement est l'un des plus clairs et des plus beaux de l'histoire. Que le communisme fût dans le droit fil de la démocratie, que le germanisme hitlérien exprimât, naturellement, le plus pur de l'Allemagne éternelle, S. S. Pie XI ne s'en inquiété pas un instant. Il vit le mal, il y courut pour se dresser contre lui de toutes les forces de sa fougue native et de son intrépidité.

C'est ce que nous avons le droit et le devoir d'admirer. Les choses secondaires s'évanouissent devant les plus grandes et, quelques amertumes qu'aient pu concevoir un grand nombre de nos amis les plus chers, nous sommes bien certains que l'intérêt, l'attention, la direction naturelle de leur pensée ont aussi couru à cet essentiel : le généreux effort déployé par ce maître du monde moral, pour ne servir que le juste, pour ne concevoir que le vrai. La vérité des circonstances change : il a fait varier la vérité de l'action.

V
Comment ?

Comment le pape Mastai, Pie IX, s'était-il d'abord trompé sur le caractère de la Révolution ? Il n'est pas difficile de le préciser. L'air du temps y suffisait. Mais, aux dernières années du XIXe siècle et aux premières années du XXe, dès la verte jeunesse du futur cardinal Ratti 8, l'air du temps s'était beaucoup modifié. Le pontificat de Pie X, avec sa direction politique contre-révolutionnaire, avait pris conscience de ce changement, qui, aujourd'hui, contre vents et marées, demeure acquis, parce que les hommes de bonne volonté placés entre le traditionalisme et le bolchevisme, ne peuvent pas bolcheviser. Comment la première partie du règne de Pie XI a-t-elle pu rendre l'espoir à tant d'éléments anarchistes et dissolvants, qui devaient être désavoués plus tard ?

Je le demandais à l'un des plus éminents philosophes catholiques de notre temps. Je venais de lui confier mon admiration pour ce grand règne de 1903 à 1914 où, sous la tiare du Saint-Siège, vécut et régna l'esprit de théologiens philosophes dont le cardinal Billot 9, le père Pègues 10 auront été les archétypes, les plus attentifs aux idées, gardiens des principes, capables de discerner, en un clin d'œil, toutes les conséquences réelles, conséquences logiques et légitimes, d'une idée sociale fausse jetée dans la masse agitée des intérêts et des passions de l'homme…

Tout ce que je disais allumait un éclair dans les yeux de mon grave interlocuteur.

 — Précisément ! me dit-il, nous assistons, nous, à une réaction contre un règne de théologiens. Ceux de Pie X, fidèles à l'essentiel de leur science, ont été, peut-être, un peu sévères pour l'histoire et la critique historique. À mon avis, ils ont outré les conditions de la stricte observance. Résultat : cette réaction, cette réaction d'histoire qui s'est propagée sur d'autres terrains.

Monsieur X… n'avait pas besoin de me dire ce dont une réaction d'historiens est capable ! Moins ils sont philosophes, plus ils sont hantés de fausse philosophie, croient à d'arbitraires Lois de l'histoire, aspirées ou respirées d'Auguste Comte ou de Vico, quand ce n'est pas de Hegel, et se mettent à croire le plus naïvement que « les temps ont changé » ou qu'ils changeront selon des figures de danse, dont la moins absurde est toujours fausse. L'histoire ecclésiastique a-t-elle échappé à ce mauvais souffle ? Je n'ai aucune qualité pour le dire. Mais on a soutenu qu'elle l'a subi. Là comme ailleurs, des influences terriblement romantiques sinon révolutionnaires se donnèrent cours au fond des bibliothèques sacrées, et c'est par ce biais, plus naturel qu'on ne le croirait tout d'abord, que s'accrédita le retour offensif de la démocratie. La formation de S. S. Pie XI était essentiellement d'un érudit. Cela suffit à expliquer sa première complaisance naturelle pour des idées politiques dites « nouvelles » et pour les plus germanisants de ses contemporains.

VI
Le Héros salué

Le beau est que tout cela ne compta pour rien, du jour où le salut du monde, la paix des peuples, l'honneur de l'Église et de la foi se trouvèrent en cause. Même règle dans le débat et le traitement de la question espagnole.

On n'a certes pas oublié les démêlés de S. S. Pie XI et de la monarchie de Madrid, les sympathies et les faveurs dont a joui tout ce qui était à gauche dans la péninsule, avant et après le renversement d'Alphonse XIII… Mais à peine en présence du despotisme et de la cruauté 11, l'Homme blanc ne sourcilla point. Il apparut tout aussitôt dans la ligne angélique des maîtres et des serviteurs de l'Amour, et, comme un esprit de lumière, il se tint aux côtés de tout ce qui souffrait, saignait et combattait sous l'oriflamme de Franco. Point d'hésitation. Point de doute. Le mal était en vue, le héros et le chevalier se levaient pour l'affronter et le dominer.

 — Cosas de España 12 ? — Mais non : choses de l'univers. À ce titre, choses de France ! De tous les points du monde, comme de tous les districts de notre pays, et de ceux qui semblent les plus éloignés du Vatican, se découvre la haute et noble essence de la synthèse catholique, large ciel où scintille, entre l'écharpe azurée de Notre-Dame de Lourdes et les roses que fait pleuvoir sainte Thérèse de Lisieux, devant la bannière de Jeanne d'Arc, la flamme merveilleuse du beau glaive de saint Michel. Nous ne croyons pas qu'il soit possible de rien comparer à cela.

Et ce n'est pas sans joie que nous considérons combien la douleur du monde apporte d'éclats confirmateurs à cette manière de penser. Que cette pensée soit devenue celle de M. Herriot, celle de M. Jeanneney, celle de M. Daladier, celle de M. Bonnet 13, de tels progrès de l'esprit des hommes de ce temps en sont si bien accusés, qu'il faudrait emprunter le langage sacré et élever une sorte de Nunc dimittis 14.

VII
Et maintenant ?

Mais de grands problèmes politiques se posent.

Tout le monde a entendu parler des craintes manifestées au Vatican 15. À certains jours, elles étaient si fortes, que l'on parlait des points de France où se réfugierait, le cas échéant, un Pontife banni, ou menacé, ou inquiété. Quelques-uns disputaient même sur la résidence possible… On disait Avignon… — Quelle idée !… — Ou Fontainebleau… — Quel rêve !… — Ou Versailles… — Et votre conclave à vous, votre congrès ?… — Ou Chambord alors ?

Je ne départagerai pas et me borne à dire ce qu'on m'a dit. Il me semble d'ailleurs impossible que l'Italie, même dans la lune de miel 16 de ses noces germaniques, soit assez folle pour laisser l'Église romaine s'expatrier. Le bon sens dit que les funérailles de Pie XI seront nobles et saintes ; que la réunion du conclave sera facilitée par toute la puissance dont les Faisceaux romains peuvent disposer ; que tout se passera paisiblement et dignement ainsi qu'ils l'annoncent déjà.

Mais la folie a la parole dans le jeu des actions humaines. Que se passerait-il au cas de folie ? Le conclave de l'été 1914, en pleine guerre universelle, a librement élu Benoît XV. Il est vrai que l'Italie était neutre à ce moment-là. Mais l'Axe Berlin-Rome sera-t-il assez fort pour troubler le conclave de 1939 ? Refrain : un accès d'aliénation mentale y peut seul réussir. En admettant le pire, et en le poussant à l'extrême, non, je n'y crois pas.

Mais alors ? Si ce trouble ne survient pas, est-ce que la libre élection du chef de la seule internationale qui tienne 17, ne serait pas une œuvre de paix, je veux dire une contribution à la paix, ou, pour parler plus précisément, un encouragement précieux donné à tous les efforts qui tendent à retarder la guerre ? Il serait vain de faire des prédictions. Pourtant, le cas posé, il me semble que l'action pacificatrice ne manquerait pas d'être pratiquée dans une certaine mesure du seul fait des événements. Sans espérer que le langage que peuvent se tenir les Nations soit retrouvé tout entier dans la bouche de leurs cardinaux, bien des propos pourraient avoir une action efficace. Tout peut servir. Tout sert, en fait : pour ou contre. Le patriotisme et l'esprit de paix des cardinaux français peut-être ainsi associé aux plus grands intérêts moraux et sociaux de notre temps.

Charles Maurras
  1. Pie XI était le pape qui avait condamné l'Action française en 1926–1927. Sa politique avait depuis évolué au gré des circonstances, comme Maurras va le rappeler. La levée de cette condamnation sera l'un des premiers actes importants du cardinal Pacelli, Secrétaire d'État de son prédécesseur, quand il sera élu pape sous le nom de Pie XII.

    Les notes sont imputables aux éditeurs. [Retour]

  2. Le Pacte germano-soviétique ne sera signé que le 23 août 1939. [Retour]

  3. « Vera incessu patuit dea », Virgile, Énéide, I, 405 : « Et par sa démarche se révèle une véritable déesse. » [Retour]

  4. L'un des actes importants du règne de Pie XI avait été une année jubilaire extraordinaire (hors de la périodicité des années saintes jubilaires tous les 25 ans) en 1933–1934. Première année sainte relayée par des médias de masse, elle avait beaucoup marqué les esprits. [Retour]

  5. L'expression ne peut que se référer à l'article de tête de L'Action française, qui était placé en une longue colonne à gauche de la une. Celui du 11 février 1939 parle bien de Pie XI, et se poursuit en page 3. Erreur de composition ou changement de dernière minute il est signé d'un laconique « A. F. » au lieu du nom que l'on attendrait en lisant ces lignes de Maurras. Un autre article plus court et factuel sur la biographie de Pie XI et un long article sur les circonstances de la mort du pape et des premiers préparatifs de son corps paraissent dans le même numéro ; la mention de « la tête de nos colonnes » peut difficilement s'appliquer à eux, en outre ils ne sont pas signés. L'allusion de Maurras reste donc obscure. Plus bas Maurras mentionnera Henry Bordeaux sans que l'on soit beaucoup mieux fixé. [Retour]

  6. Le 30 novembre 1938, Mussolini avait revendiqué la Corse, la Savoie et le comté de Nice. [Retour]

  7. Giovanni Maria Mastai Ferretti (1792–1878), d'où le « pape Mastai » que va évoquer Maurras infra. Il est le candidat des libéraux au conclave de 1846. Élu, il est dans un premier temps favorable aux réformes et au mouvement nouveau des nationalités. En 1848, sa popularité, jusque là considérable, s'effondre quand il refuse de soutenir le mouvement de l'unité italienne contre l'Autriche. Il accorde une constitution aux États pontificaux, mais son premier ministre, Rossi, est assassiné le 15 novembre 1848 par des insurgés qui proclament la république romaine ; le pape doit s'enfuir et trouve refuge à Gaète, dans le royaume des Deux-Siciles. Le général Oudinot s'empare de Rome en juin 1849 et le remet sur son trône. Il nomme alors un secrétaire d'État conservateur qui renoue avec la politique de Grégoire XVI. Le pape renoue lui aussi avec un conservatisme traditionnel qui fera de lui le pape du Syllabus. Le 20 septembre 1870 les piémontais s'emparent de Rome, Pie IX ayant ordonné de n'opposer qu'une résistance symbolique ; ce dernier épisode ouvre la question romaine, laquelle ne sera réglée entre l'Italie et le Saint-Siège que par les accords du Latran sous Pie XI, précisément. [Retour]

  8. Pie XI, né Ambrogio Damiano Achille Ratti. [Retour]

  9. Louis Billot (1846–1931), jésuite, proche collaborateur de Pie X, créé cardinal (contrairement à l'usage dans la Compagnie de Jésus) en 1911. Le 13 septembre 1927, le cardinal Billot était reçu par la pape, à la demande de ce dernier qui supportait mal les critiques dont le cardinal accablait Rome depuis la condamnation de l'Action française. L'audience fut brève et étrangement silencieuse aux dires des collaborateurs du pape qui étaient habitués à ses colères tonitruantes. En ressortant du bureau du pape, Billot avait renoncé à sa dignité cardinalice et en avait même déposé les insignes matériels sur le bureau du pape. Sa démission fut officiellement acceptée quelques semaines plus tard. Il mourut simple prêtre en 1931, à Rome. [Retour]

  10. Le père Thomas Pègues (1866–1936), dominicain, auteur de nombreux ouvrages sur saint Thomas d'Aquin et le thomisme ; il était proche de l'Action française. [Retour]

  11. Rappelons que les exactions — tortures, exécutions sommaires, massacres — furent partagées durant la guerre civile espagnole ; celles commises par les « républicains », terme qui désigne en fait essentiellement les communistes et les anarchistes, visaient souvent en priorité les prêtres ou les congrégations religieuses. [Retour]

  12. « Choses d'Espagne ». [Retour]

  13. Maurras cite ici, non sans une certaine ironie à leur égard peut-être, les hommes politiques français dont L'Action française publie, dans le même numéro que le présent article, les réactions officielles à la mort de Pie XI. [Retour]

  14. Le cantique de Syméon, tiré de Luc, 2, 29-32, qui commence, en latin : « Nunc dimittis servum tuum » :

    Maintenant, Seigneur, laisse ton serviteur
    S'en aller en paix, selon ta parole.
    Car mes yeux ont vu ton salut,
    Que tu as préparé devant tous les peuples,
    Lumière pour éclairer les nations,
    Et gloire de ton peuple Israël.

    On le chante en particulier à complies, dernier office avant d'aller dormir, ce qui n'est pas sans renforcer l'ironie des dernières lignes, d'autant qu'il faut imaginer Maurras rédigeant son article comme à son habitude assez avant dans la nuit pour le journal du matin, en ayant pris assez tard connaissance des réactions des hommes politiques cités plus haut. [Retour]

  15. La rhétorique du régime fasciste contre le Vatican avait redoublé fin 1938 et début 1939. C'était au point qu'on évoquera un éventuel assassinat de Pie XI à la veille d'un discours important, sur ordre de Mussolini, soupçons accrus par le fait que l'un des médecins du pape était le docteur Francesco Petacci, père de la maîtresse de Mussolini, Clara Petacci. Ces accusations furent réitérées par le cardinal Tisserant peu avant sa mort en 1972, mais la personnalité du cardinal Tisserant, antifasciste convaincu, les rendent suspectes. L'historiographie la plus récente relativise les arguments qui vont dans le sens d'un tel assassinat, en particulier en réévaluant le caractère longtemps prêté aux discours ou textes que devait prononcer ou publier Pie XI : s'ils étaient incontestablement anti-fascistes et anti-nazis, ils ne l'étaient semble-t-il pas avec la violence d'expression qu'on leur avait parfois supposée, si l'on s'en rapporte aux éléments préparatoires seuls conservés (la mort d'un pape entraînant la destruction de ses documents personnels inutilisés). [Retour]

  16. L'axe Rome-Berlin date de novembre 1936 ; il ne sera complété qu'en mai 1939 par le « Pacte d'Acier », mais le rapprochement plus étroit entre les deux régimes était déjà sensible début 1939. [Retour]

  17. La formule est tirée du titre de la première partie de l'ouvrage de Maurras, en 1917, Le Pape, la Guerre et la Paix. [Retour]

Article paru dans L'Action française du 11 février 1939.

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