Accueil de réfugiés, intégration, assimilation

Cargese, par Renefer, 1927.
Cargese, par Renefer, 1927.

Termes modernes, débats actuels et sensibles. Faut-il accueillir tous les réfugiés qui se présentent à nos frontières ? Et une fois qu’ils sont sur notre sol, faut-il les intégrer ? Les assimiler ? Les contraindre d’emblée à adopter nos mœurs, nos institutions, à se fondre dans le peuple hôte ? Et quant à celui-ci, les gens de souche et les arrivés de plus fraîche date, faut-il lui demander son acquiescement, et se soucier de son avis ?

Prenons un exemple, car l’Histoire n’en est pas avare. Voici deux cent bougres qui fuient leur pays en proie à des troubles et des pillages. Soixante-dix familles en tout. Après avoir traversé la Méditerranée à bord d’un rafiot de fortune, ils accostent sur les rives occidentales. On les place dans un camp d’accueil où ils survivent comme ils peuvent. Puis vient une révolution qui renverse le pouvoir local. Les habitants du cru, désormais maîtres de leurs terres, s’en prennent aux réfugiés et détruisent leurs maigres biens. Mais cette révolution tourne vite court, une nouvelle puissance s’installe, et installe son administration. Le gouverneur, empli de sentiments humanitaires, accorde aux réfugiés spoliés un nouveau territoire. Les allogènes s’y installent, rebâtissent derechef une cité, et y prospèrent pendant un siècle et plus, en conservant leur langue, leur religion, leurs coutumes.

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Comment Maurras dénonçait Hitler en 1937

La jeunesse socialiste en 1937.
La jeunesse socialiste en 1937.
Maurras passe les premiers mois de l’année 1937 à la prison de la Santé. Dans sa cellule, il travaille d’arrache-pied. En février, il fait publier Devant l’Allemagne éternelle, anthologie de ses chroniques les plus antiboches des quarante années précédentes, ouvrage qui sera interdit par la censure allemande en 1942.

Pendant ce temps, Hitler accumule les succès et devient de plus en plus menaçant. Maurras lit la presse, mais peut-être ne se rend-il pas compte à quelle vitesse change le climat dans lequel sont baignés les militants de son Action française. Ceux-ci, certes, restent fermement royalistes et anti-allemands, et ce n’est pas la poignée d’entre eux, aussitôt exclus, qui se sont avoués séduits par la propagande hitlérienne qui y auront rien changé de significatif.

C’est du côté des partisans du Front Populaire et de leur expression politique que les choses se sont radicalisées d’une manière dangereuse, insupportable pour l’Action française. En effet, les groupes et ex-ligues ayant participé au mouvement du 6 février 1934 sont de plus en plus et indistinctement désignés sous les termes de fascistes ou d’hitlériens, ce dont certains vont s’accommoder, mais certainement pas les maurrassiens.

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Les « Pédés », héritiers abusifs de La Tour du Pin

La Tour du Pin.
La Tour du Pin.
Que l’on se rassure, point de discrimination condamnable dans notre titre. Les Pédés, en 1934, dans les colonnes de L’Action française, ce sont les membres du Parti des Démocrates populaires, lointains héritiers des catholiques sociaux, qui ont abandonné en chemin l’essentiel du catholicisme et qui ont troqué la préoccupation sociale pour la démagogie électorale socialiste, comme va nous l’expliquer Maurras. La plupart de ces tristes et plats politiciens se retrouveront après guerre au MRP.

C’est qu’en 1934 Maurras marquait d’un long article le centenaire de René de la Tour du Pin. Y aura-t-il quelqu’un pour marquer le bicentenaire ? Et surtout avec quel écho ? Car malgré la ferveur des cénacles de royalistes sociaux, on trouverait avec peine une fraction du public, même cultivé, pour aujourd’hui connaître autrement que de nom le maître du catholicisme social…

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L’Étudiant français en 1920

Ferdinand Buisson.
Ferdinand Buisson vu par L'Étudiant français.
En novembre 1920, l’Action française lance un journal étudiant, baptisé L’Étudiant français, qui sera bimensuel jusqu’à la guerre. Dire qu’il reste toujours et dans tous ses articles d’un intérêt certain, surtout pour un lecteur contemporain, serait excessif ; la masse de certaines nouvelles ou compte-rendus n’intéresserait qu’un spécialiste de la vie estudiantine dans le Paris de l’entre-deux-guerres. Mais, dans la pléthore de déclinaisons de l’AF en brochures, feuilles, journaux catégoriels plus ou moins réguliers, il demeure l’un des plus importants par la qualité de certains articles et celle des rédacteurs. On peut citer les noms de Philippe Ariès, de Pierre Boutang, de Robert Havard de la Montagne, Claude Roy, André Malraux, Thierry Maulnier, Lucien Rebatet… Maurras y donnera quelques articles, souvent intéressants car ils sont destinés à une publication pour étudiants, où l’on se surveille moins qu’ailleurs, où les articles sont moins contraints par la stricte actualité quotidienne que dans L’Action française, et où l’humour a souvent sa part ravageuse, en particulier dans les dessins, pour la plupart signés Mus.

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Quand les Sybarites périrent de plaisir

Nous commençons aujourd’hui la publication, qui se poursuivra sur plusieurs épisodes, des contes du Chemin de Paradis. Cette œuvre majeure de Charles Maurras est une collation de neuf textes publiés entre 1892 et 1894 dans diverses revues. Œuvre de jeunesse, de badinage philosophique, Le Chemin de Paradis se trouva bientôt au centre des attaques des démocrates-chrétiens qui y voyaient une entreprise païenne et blasphématoire. La réédition de 1921, et toutes celles qui suivirent, est expurgée des passages les plus « anti-chrétiens » et accompagnée d’une nouvelle préface (devenue ensuite postface) qui explique, justifie, relativise, minimise… mais cela ne fera pas taire la polémique, si bien qu’il est impossible désormais de lire ces Contes au premier degré, en faisant abstraction de toutes les interprétations que leur ont données admirateurs, contempteurs et exégètes.

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Et si le président devient fou ?

À la fin de l’année 1918, le président des États-Unis Woodrow Wilson est le personnage le plus puissant du monde. Il est aussi le plus prestigieux, le plus populaire, celui dont on espère tout, dont on attend tout. L’intervention massive de ses armées a assuré la victoire. Désormais apôtre de la paix, il dicte ses conditions aux pays de la vieille Europe. Il est écouté comme on écoute un oracle. Seulement voilà ; ses succès, sa toute-puissance lui montent à la tête. Faute de contre-pouvoirs, rien ne vient obliger son orgueil à composer. Et en quelques mois, il perd toute mesure, tout jugement.

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