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26 novembre 1939
La Politique

I
La Revue universelle

En l'absence de son directeur, Henri Massis, qui est aux armées 1, Robert de Boisfleury, président du conseil d'administration de la Revue universelle, nous avise d'une bonne nouvelle : la revue reprendra sa publication régulière à partir du 1er décembre. J'ai été heureux de pouvoir y mettre, pour mon écot, le premier chapitre de « Maîtres et témoins de ma vie d'esprit, Maurice Barrès… »

Ainsi, comme on le faisait prévoir en septembre dernier, l'interruption n'aura pas duré plus des quelques semaines indispensables à la réorganisation des différents services dispersés par les événements. Grâce au dévouement de tous ses collaborateurs de la Rédaction et de l'Administration, la Revue universelle reprend sa place au premier rang des revues françaises. Elle pourra continuer à remplir ce rôle de « laboratoire des choses d'Allemagne » que Jacques Bainville lui avait assigné.

Robert de Boisfleury nous dit aussi que certaines restrictions imposées par les circonstances s'opposent désormais à la vente au numéro. Mais tous ceux de nos amis qui usaient de ce mode d'achat ont à leur disposition l'abonnement trimestriel dont le prix est des plus modiques et qui, me dit-il, a l'avantage de ramener le prix du numéro de 8 à 5 francs — soit une économie de plus du tiers !

II
Mise en minorité !

Pour la première fois depuis longtemps, les échanges d'idées qui se font, par-dessus le Canal, entre les Français et les Anglais possèdent leur vertu, obtiennent leur effet : on se comprend. À qui cela déplaît-il ?

Et comment se fait-il qu'il soit devenu pratiquement impossible de publier, en France, la traduction complète d'un article 2 librement publié en Angleterre ?

Mais il y a d'autres scandales.

Il y a celui-ci, — ces lettres, ces dépêches adressées à notre Administration 3 :

A.

Je viens porter à votre connaissance les faits suivants :

À deux sources différentes, j'ai appris aujourd'hui qu'il est impossible de se procurer l'A. F. dans les villes de Dôle, de Lons-le-Saulnier et de Mouchard.

À un mobilisé à Dôle, la dépositaire a expliqué que le commissaire achetait toutes les A. F. dès leur arrivée.

Aux bibliothèques des gares de Lons et de Mouchard, le journal est aussi « ramassé » en bloc. À Mouchard, ce sont les gendarmes qui, ces jours derniers, s'en sont chargés. J'ai pensé qu'il était nécessaire de vous signaler ces faits à toutes fins utiles.

B.

Je crois vous être utile en vous signalant que L'Action française est toujours saisie à Mouchard et à Dôle. Ceci est assez surprenant de la part du procureur, car à chaque saisie un rapport doit être dressé.

À Salins, la saisie n'eut lieu qu'une fois le vendredi 10 écoulé.

Par suite du changement d'heure, votre journal édition de 5 heures n'est plus mis en vente que le lendemain matin, au lieu de l'après-midi.

C.

Je vous signale une anomalie : depuis quatre jours et pour un temps indéterminé, L'Action française est saisie chez le dépositaire de journaux de Saint-Claude. Les abonnés continuent de recevoir régulièrement leur numéro quotidien. Si la mesure était générale, cela ne pourrait pas se produire. D'autre part, vous ne parlez pas de cette saisie pour le moins intempestive. Qu'en conclure ?

Telle est la fantaisie qui préside à la vie civile de notre pays !

Je ne crois pas que, dans toute notre histoire, ni dans l'histoire d'aucun peuple civilisé, il y ait un exemple d'une telle mise en minorité 4.

III
Raisonnons, tâchons de voir clair

On comprend parfaitement qu'un gouvernement adopte telle ou telle ligne de conduite.

Elle est juste ou ne l'est pas.

Elle est intelligente ou absurde. Mais il est, lui, le responsable, c'est à lui d'en décider.

Il serait ridicule que l'opinion entreprît de se substituer à lui et prétendît soit lui forger des directives, soit lui dicter des initiatives quelconques. Il est maître, là où il est, de mener sa barque comme il l'entend… Ainsi qu'il n'engage en rien les simples citoyens qui délibèrent dans les rues, il n'est (lui, responsable) engagé par aucune de ces délibérations des irresponsables.                                             (censuré) 5                                                        Tous les esprits clairs voudront insister avec nous sur cette division du travail politique.

Il y a l'action gouvernementale.

Il y a l'opinion du pays.

Celle-ci peut et doit être élaborée par tous ceux qui y ont des titres, leur capacité, leur passé, etc.

Sauf le cas d'indignité flagrante et constatée, personne n'a le droit d'en exclure personne.

Que l'action gouvernementale n'ait pas à souffrir d'usurpation du parlement ni de la Presse, cela va de soi.                                             (censuré)                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     

Plus on dit « c'est la guerre » plus il y a lieu de répondre : « c'est la guerre, justement ! Parce que c'est la guerre, il importe d'y montrer deux vertus, dont l'une est la prudence et l'autre l'équité. »

L'autre jour, quand nous avons commenté le décret relatif à la suppression des garanties disciplinaires des fonctionnaires de l'État et des fonctionnaires municipaux, nous n'avons pas tenu un langage d'ennemis, en donnant aux puissants du jour un conseil très simple : — N'abusez pas.

Il ferait bon d'y réfléchir. Ce n'est pas seulement à l'abus — qui n'est rien en soi ni pour Hitler, ni pour les copistes d'Hitler 6

Je pense aux conséquences de l'abus. Car celles-ci valent pour chacun et pour tous.

IV
Les idées vagues

Le plus criant de ces abus est celui qui affecte d'un coefficient de faveur, d'une cote d'amour ce qui se publie en France et hors de France pour faire valoir cette idée qu'il ne faudrait pas, au temps de la guerre, au début de la guerre, penser à son objet, à son but, — tout ce qui se dit et s'écrit pour approuver cette autre idée qu'il faut y penser, aussi vague, aussi flou, aussi « théorique » et « moral » que possible.

Nous plaçons à la manchette de notre numéro les termes vigoureux dans lesquels un journal aussi républicain que L'Ère nouvelle 7 proteste contre cette absurdité.

Quel est le malheureux qui se figure qu'il suffit d'avoir la cervelle molle et le cœur en coton pour faire un bon ennemi de l'Allemagne ou un bon allié de l'Angleterre ?

Nos souvenirs historiques sont d'ailleurs là. Nous savons ce qu'il nous en a coûté de n'avoir possédé en 1918 ni un esprit public solide, ni même la simple conception précise des conditions de notre sûreté.

Les tristes métaphores             (censuré)             avaient seules cours : — Ne déconsidérez pas la victoire, ne dégoûtez pas le pays des fruits de ses efforts. Ce dégoût, hélas ! n'existait guère, ni cette déconsidération. Une euphorie suprême, un équivoque et universel crédit verbal avaient tout recouvert…

Veut-on recommencer ? Non, je l'espère. Alors que veut-on ?

Je crains que l'on ne veuille RIEN. Je crains que nous n'ayons affaire à de petits scrupules, à de petites peurs, ou moins encore à de petites appréhensions… Mais ceux qui les éprouvent se croient maîtres de les imposer.

                       (censuré)                                                                                                                                                                                                          

Je suis, quant à moi bien, tranquille. Assis sur un capital matériel bien acquis de prévisions vérifiées qui sont vieilles de plus de vingt ans, nous pouvons regarder d'un œil de pitié, comme disait Lamartine 8, ces jactances vulgaires.

                       (censuré)                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

Beaucoup de Français se rappellent que l'oubli des responsabilités d'avant guerre a été le commencement des malheurs d'après guerre.

Hé ! ils y pensaient, ces Français !

Ils y pensaient, hé ! hé ! hé ! Croit-on tout à fait impossible qu'ils y pensent avec une certaine continuité ?

Ne jurons de rien, tout arrive.

V
Le démocrate Hitler

Il paraît qu'Hitler gêne toute ma « construction politique ».

Cela est dit en toutes lettres dans Le Petit (oh ! très petit) Démocrate.

Pourquoi Hitler me gêne-t-il ? Parce que je suis le théoricien de l'anti-démocratisme.

Mais, je vous prie, qu'y a-t-il d'anti-démocrate dans Hitler ?

Il est l'idole de son peuple.

Il est le type du dictateur démocratique classique.

On nous raconte au Petit Démocrate que « la démocratie n'est que la possibilité pour le simple citoyen de discuter les actes de l'autorité légitime… » Mais d'abord, cette possibilité, nous ne l'avons pas, — c'est donc — alors ! — une question de savoir si nous sommes en démocratie…

Secondement, la démocratie, c'est le gouvernement du peuple par le peuple.

La démocratie c'est le gouvernement populaire.

La démocratie, c'est le choix du chef ou des chefs par la multitude.

La dictature élue, comme la dictature d'Hitler, qui a bel et bien été élu par le peuple allemand et qui en reste la créature, le héros et le dieu — cette dictature est un simple cas du régime démocratique.

On peut la définir par toutes sortes de compliments et de fioritures, ce ne sont que des mots, ce sont des adjectifs qualificatifs. La vérité, la réalité, est qu'Hitler est un élu du peuple allemand, comme Napoléon Ier et Napoléon III ont été des élus du peuple français — comme tous les dictateurs de l'histoire grecque et romaine, comme les chefs élus de l'Italie médiévale et des républiques allemandes ou flamandes de la même époque, — incarnèrent aussi un type idéal de démocratie.

Tantôt la démocratie nomme des représentants qui font un parlement.

Tantôt elle n'en nomme qu'un, qui fait un césarisme.

Les deux régimes présentent des différences. ils ont aussi leur identité profonde, et ce ne sont ni les fables ni les blagues, plus ou moins littéraires, du Petit Démocrate qui feront un obstacle à cette double évidence de l'expérience et de la raison.

VI
Réponse

Il paraît que nous sommes des calomniateurs.

Et même de la pire espèce :

— Celle qui ne sait même pas ce qu'elle dit.

Moi, je veux bien !

Cependant, voyons.

Cette imputation est tirée d'un journal dont le nom commence par ces deux lettres : L'O… 9

C'est dans son numéro du mercredi 22 novembre que L'O… publie une caricature (assez moche du reste) signée d'un nommé Soro.

Titre : Définition.

Personnages : deux types sommairement indiqués, dont l'un tient à la main un journal, dont on distingue parfaitement le titre : « L'A. F. ».

Et dessous, on lit :

« — La calomnie ? La calomnie c'est quand on ne sait rien sur quelqu'un, qu'on le répète à tout le monde. »

Ce n'est pas fort.

Cela veut l'être.

VII

(Censuré 10.)

VIII

(Censuré.)

IX
L'esprit des médecins français

Là dessus, quelque personnes me disent et m'écrivent : — Le cas de médecins est intéressant, mais il n'est pas unique, pourquoi ne parlez-vous que d'eux ?

Je parle d'eux, parce qu'ils se remuent. Je parle d'eux parce qu'ils ont la conscience nette et claire du tort professionnel et du tort matériel qui leur est porté. Je parle d'eux parce qu'ils ont des réactions, — des réactions fortement motivées… Il n'est pas douteux que toutes nos professions sont rongées par le même ver                        (censuré)                        Seulement elles oublient trop de le voir ou de le dire.

Le médecin, lui, voit et dit. Je marche pour lui, exactement comme je marcherais pour les autres s'ils se défendaient aussi bien que lui.

Je ne nie d'ailleurs point que le médecin français n'ait des titres spéciaux à la considération, à l'estime, à l'admiration.

J'ai mis de côté, depuis de longs jours, ce qu'en disait le docteur Charles Fiessinger dans le Journal des praticiens au mois dernier. Et j'avoue avoir lu avec délectation ces pages qui font le portrait du vrai médecin français :

Dans l'ordre de l'esprit, une imagination vive, solidement maintenue en bride par les attaches du réel, l'harmonie entre les visions de l'ensemble et les constatations de détail, ce talent de débrouiller l'accessoire du principal, de saisir dans un tableau morbide le spectacle des grandes lignes et de lui subordonner la valeur des symptômes secondaires, de mettre en relief et en lumière les sommets qui ouvrent sur de nouvelles perspectives, de ménager des ombres sur des points indiscutés et acquis, tous ces modes d'observation sont familiers au tempérament français et ont trouvé pour le marquer avec éclat des hommes de génie comme Laennec, Claude Bernard, Pasteur, tous trois dignes descendants d'Hippocrate.

La pensée grecque, en effet, s'avère l'inspiratrice de la pensée française. Je veux dire la prédominance de la raison, la justesse du jugement critique, le culte des données pratiques, le dédain de la parole ornée et dans le domaine étroit qui enserre nos connaissances de l'heure, la prescience des inconnues qui nous échappent et l'intuition de forces obscures qui nous mènent et nous dominent.

Alors que par d'autres peuples, comme les arabes, le legs d'Hippocrate a été déformé, dégradé, mutilé. Alors que chez d'autres encore, comme les Allemands, l'équilibre s'obtenait difficilement entre les constructions de la synthèse et les résultats de l'analyse, et que tantôt prédominaient les conceptions de l'une ou la signification de l'autre, en France, au contraire, le monument primitif persistait dans l'intégrité de ses fondements du premier jour. Il s'agrandissait, s'étendait, s'élevait, mais demeurait immuable quant à la disposition et à la solidité de ses bases…

Trousseau trouvait moyen en vingt lignes de conter l'histoire d'un malade. « Méthode non scientifique » lui a-t-on reproché. Pardon ! La science n'est pas la lourdeur, pas davantage l'opacité. On peut tout dire sans être pesant, et la grâce d'un rayon a droit de traverser la densité d'un exposé. Il faut savoir éliminer et opérer un choix. Travail où l'intelligence française qui a quelque chose de l'artiste grec, réussit d'ordinaire à la fois pour l'instruction médicale et l'agrément du lecteur.

Armé ainsi non pas à la légère, mais chargé de bagages non encombrants et moins lourds, le médecin français s'avance dans la vie, confiant, hardi à la fois et prudent, allant droit devant lui quand il faut, mais ne se risquant pas dans l'aventure. Sans doute des confrères étrangers, anglais, américains, italiens, espagnols, belges, suisses, roumains, tchèques, polonais, grecs, égyptiens, turcs et tous nos amis de l'Amérique du Sud obéissent à une mentalité de même ordre…

Il y a évidemment un esprit civilisateur, un esprit helléno-latin, où s'accordent fidèlement nos amis de toutes nations. Le docteur Fiessinger a su mettre dans une claire et vive lumière le sens de la raison hellène : il est déductif, certes, mais plus inductif encore, toujours en rapport avec le réel. C'est un esprit où le jugement et la logique ne font que se suivre et se compléter. Dans la suite de la science, il y a l'art. Avec Aristote, Phidias. La médecine est un art.

X
Persévérons

Voici dix mille francs d'un anonyme de Marseille. Merci mille fois ! Et voici mille autre francs d'un anonyme de Paris que je remercie de même. Il nous les apporte dans les termes suivants :

Pour la France immortelle… Une mère de trois officiers, qui veut faire partie des vingt mille. Avec toute sa reconnaissance et aussi ses regrets de ne pouvoir en ce moment vous adresser davantage.

Et voici 300 francs qui s'expliquent ainsi :

C'est un de récents adeptes de l'A. F. qui vous écrit, sans vous connaître. Après bien du temps, je suis venu petit à petit à la plupart des idées d'A. F. et si l'évolution se poursuit normalement, je serai peut-être bientôt tout à fait d'accord.

J'y suis venu par l'intermédiaire de mon hebdomadaire préféré, Je suis partout, et je suis un lecteur quotidien du journal depuis la bienheureuse levée de l'interdiction papale.

Vos idées me plaisent particulièrement par le fait qu'elles sont basées sur le fond solide de l'histoire du passé pour la plupart, et aussi bien entendu parce qu'elles sont vérifiées par les événements…

Il est absolument impossible d'étudier impartialement le passé sans être d'accord avec vous pour la plupart de vos « thèses », en particulier pour ce qui concerne l'Allemagne (il faut vous avouer là que je suis un jeune professeur d'histoire de 17 ans et demi) — et les quatre professeurs d'histoire que j'ai eus pendant mon temps d'aspirant bachelier étaient tous quatre de vos idées.

Je lis tous les jours vos appels à l'aide. Je ne peux bien entendu vous envoyer beaucoup par moi-même. Mais j'ai pu néanmoins décider ma famille et des amis à envoyer pour l'A. F. le montant d'une « cagnotte » dont on ne savait pas trouver l'utilisation.

Vous trouverez donc ci-joint 300 francs.

Merci ! 

Les petits ruisseaux feront les grandes rivières. J'essaye bien entendu, d'autre part, d'amener le plus de personne possibles à vos idées, et vous voyez que mon « milieu familial et amical » n'y est pas hostile, puisque j'ai pu les décider à cet envoi assez facilement.

Ne doutons pas de cette facilité, tantôt extrême, tantôt moindre. Mais nous avons de grands complices : le cœur, le passé, l'esprit de la France. Un peu de persévérance nous fera des surprises que nous ne saurions imaginer.

Un prêtre nous écrivait l'autre jour :

Il est beau de servir en tout temps et à tout âge. À 75 ans, ne pouvant mieux faire, je viens vous prier de m'inscrire comme légionnaire, et vous trouverez ci-joint ma carte d'entrée.

Une fidélité de plus de trente ans me dispense de vous crier mon amitié, comme aussi de vous dire banalement ma conviction que la France, ma mère, a besoin de l'A. F. pour vivre. Cependant, je ne puis résister à la satisfaction de vous redire une parole toute récente prononcée à votre sujet.

C'est à X… De graves personnages parlent, plus ou moins en l'air, des choses actuelles. Je puis bien m'exprimer ainsi sans manquer des respect à personne. Tout à coup, quelqu'un du groupe sort ce qui suit : « Il n'y en a qu'un qui ait vu clair dans la suites des événements ; si on l'avait écouté et suivi, nous n'en serions pas où nous en sommes, c'est le groupe de l'A. F. ! »

Un de mes poilus (pardonnez-moi de me donner un coup de pied en retour !) m'écrivait : « Monsieur le curé, si tous les curés de France avaient été comme vous, nous ne serions pas où nous sommes ; car la France aurait connu ou suivi la politique de Bainville. Et ces gens-là ne menaient pas à la guerre… — C…, cultivateur et camelot. »

Ils sont plusieurs comme celui-là. Pourvu que ça revienne pour régénérer le pays.

Oui, cela reviendra, cette régénération se fera. D'hommes morts, ou d'hommes vivants, l'esprit surgit, agit et l'emporte, à une condition : c'est qu'ils ne soient pas oubliés.

Soyons dignes d'eux. Agissons et à fond ! Faisons-les vivre au delà de nous ! Donc au secours !

Charles Maurras
  1. La mobilisation datait du 3 septembre 1939, nous sommes le 26 novembre dans la période appelée « drôle de guerre », où la France et l'Allemagne sont formellement en conflit, mais ne se battent pas encore, sinon en escarmouches : on sait que l'attaque allemande sera fulgurante au printemps 1940. L'ensemble des dispositions du temps de guerre étaient néanmoins applicables, dont la censure de la presse.

    Les notes sont imputables aux éditeurs. [Retour]

  2. Allusion au numéro de la veille. [Retour]

  3. C'est-à-dire à l'Administration du journal. [Retour]

  4. Au sens, un peu vieilli aujourd'hui, d'être traité en mineur d'âge par une autorité. [Retour]

  5. La censure s'exerçant sur le texte déjà composé pour le tirage, ces mentions s'étendent dans L'Action française sur plus ou moins de lignes, donnant une idée de la longueur du passage censuré. Nous avons autant que possible tenté de ne pas trahir ces longueurs en les adaptant à la présente typographie, sauf mention contraire. [Retour]

  6. La phrase semble bien suspendue par la censure, mais il n'y a que des points de suspension dans l'article. [Retour]

  7. On trouve en effet en manchette de ce numéro du 26 novembre 1939 :

    Nous lisons à l'éditorial de L'Ère nouvelle :

    « La plus grave de toutes les erreurs, celle qui fut la source de toutes les autres, il y a vingt ans, ce fut d'attendre la fin de la guerre pour définir les conditions de la paix. La guerre étant terminée, on oublia ce qu'elle eut d'atroce et l'on ne fit qu'une paix de compromis, voire de compromissions.

    « La paix, aujourd'hui, ne peut signifier que la mise hors d'état de nuire, définitivement, de ceux qui ont toujours précipité l'Europe dans la tuerie. Ou la paix remplira cette condition, où elle ne sera pas la paix.

    « C'est maintenant et dès maintenant, sans plus tarder, que les conditions prises de cette paix doivent être fixées entre nos amis anglais et nous. »

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  8. À la fin du poème À Elvire des Méditations poétiques :

    Vois d'un œil de pitié la vulgaire jeunesse,
    Brillante de beauté, s'enivrant de plaisir !
    Quand elle aura tari sa coupe enchanteresse,
    Que restera-t-il d'elle ? à peine un souvenir :
    Le tombeau qui l'attend l'engloutit tout entière,
    Un silence éternel succède à ses amours ;
    Mais les siècles auront passé sur ta poussière,
    Elvire, et tu vivras toujours !

    [Retour]

  9. Ce ne peut guère être que L'Œuvre, journal de gauche qui avait été un ferme soutien du Cartel puis du Front populaire, où écrivait déjà le socialiste Marcel Déat. Le journaliste comme le journal évoluent alors (le célèbre éditorial de Déat « Mourir pour Dantzig ? » est du 4 mai 1939) vers une ligne qui du pacifisme les conduira à la collaboration à outrance avec l'Allemagne. [Retour]

  10. Les titres VII et VIII, simplement indiqués par leurs numéros, sont laissés en blanc dans L'Action française car censurés. Ils occupent ensemble l'équivalent des trois quarts d'une colonne entière du journal. [Retour]

Ce texte a paru dans L'Action française du 26 novembre 1939.

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