Lorsque l’enfant du miracle eut les 100 ans

Né cent quatre-vingt dix-huit jours après l’assassinat de son père, le dernier des Bourbons ne monta jamais sur le trône. Il traversa son siècle comme écrasé par le principe dont il était porteur, laissant en toutes choses le dernier mot à la Providence. Et s’il désirait sincèrement le Pouvoir, ce n’était certes pas à la manière d’un Louis XI ! Ni à celle de sa courageuse mère ! L’Histoire garde de lui l’image d’un recours impossible, comme si le miracle de sa naissance n’avait servi à rien, comme s’il était de toutes façons déjà trop tard, comme si sa succession n’était plus que l’affaire du Tout Puissant. Il nous reste d’Henri V la symbolique du drapeau blanc, ce principe immaculé, qu’aucune corruption, aucune souillure ne devait pouvoir atteindre ; mieux valait dès lors renoncer au pouvoir et conserver sa pureté que de se compromettre dans le sale exercice de la politique réelle. Continuer la lecture de « Lorsque l’enfant du miracle eut les 100 ans »

Maurras et les quatre États confédérés

L’antisémitisme professé par Charles Maurras tout au long de sa vie est aujourd’hui le principal obstacle à sa réhabilitation. Nous le savons bien, et nous n’entendons pas occulter ce problème.

Il ne s’agit pas seulement de la révision de la parodie de procès qui condamna Maurras en 1945, mais de sa réhabilitation pleine et entière en tant que référence et objet de connaissance, qu’on le considère comme penseur et maître à penser, comme homme de lettres, comme polémiste ou plus simplement comme figure majeure du patrimoine intellectuel national — et international. Continuer la lecture de « Maurras et les quatre États confédérés »

Réussir le coup de force

Les années 1908 à 1910 peuvent, a posteriori, être qualifiées d’âge d’or de l’Action française.

Le mouvement s’affirme, séduit, recrute, innove, multiplie les actions spectaculaires ; le journal, devenu quotidien, étend son audience ; des intellectuels de renom se rallient ; tous les voyants sont au vert, il n’y a encore eu ni crises, ni scissions, ni déchirements…

Royalistes de tradition et nouvelles recrues du royalisme se côtoient et se sentent portés par une dynamique de succès et d’expansion. Appelant de leurs vœux la restauration, laquelle implique mécaniquement la chute de la troisième République, ils sont d’autant plus portés à imaginer cette échéance, et à la sentir toute proche, que le Prince en exil leur témoigne sa sympathie et semble déterminé à agir. Continuer la lecture de « Réussir le coup de force »

Retour sur le Monument à la Victoire de Rouen

Voici la rentrée, déjà la quatrième pour notre site ouvert fin 2006. Avant de reprendre le fil nourri de nos publications, revenons un instant sur un événement qui nous avait alertés aux premiers jours du mois de février dernier : la chute de la tête d’une statue faisant partie du monument aux morts de Rouen, tête dont la ressemblance avec celle de Charles Maurras avait fait penser à un geste de dégradation volontaire d’inspiration politique.

C’est du moins ce que dénonçaient divers blogs, avant que la presse locale ne s’en fasse elle-même l’écho.

Rapidement, les autorités municipales rouennaises ont réagi, contestant toute hypothèse d’un acte de malveillance, et imputant l’accident à l’usure naturelle de l’ouvrage et aux conséquences d’un gel hivernal anormalement rude. Continuer la lecture de « Retour sur le Monument à la Victoire de Rouen »

Dispares ordines sane proprios bene constituae civitatis

Le lecteur de La Politique naturelle, préface de Mes idées politiques, remarquera, vers le milieu du troisième chapitre Hérédité et Volonté, le paragraphe suivant :

… L’étranger qui nous visitait sous l’ancien régime admirait le français délicat, pur et fin, que parlaient de simples artisans du peuple de Paris. Leur langage réfléchissait comme une surface polie un ordre de distinction naturelle inhérent aux sociétés bien construites : dispares ordines sane proprios bene constitutae civitatis, comme la sagesse catholique le constate si fortement…

On le trouve aux pages 38-39 (en chiffres romains) de l’édition originale de 1937, et à la page 201 du second tome des Œuvres capitalesContinuer la lecture de « Dispares ordines sane proprios bene constituae civitatis »

Le déferlement du n’importe quoi

Ne pas vérifier ses sources, se tromper et ne pas se donner la peine de rectifier, considérer que toute erreur que l’on commet soi-même est vénielle par définition, tels semblent bien être les canons du journalisme contemporain. Le vrai et le faux se valent, et une préférence systématique va au n’importe quoi.

Et si rien ne distingue au fond le vrai du faux, la réprobation ne doit pas tant toucher celui qui a proféré une énormité que le mauvais coucheur qui l’a dénoncée. Quel attardé, quel fâcheux, en effet, que celui qui s’obstine à exiger l’exactitude et à vitupérer l’inexactitude, alors que seule compte, selon les cas, l’émotion suscitée ou l’indi­gnation brandie !

Généralement, nos modernes râleurs attribuent ces défauts à l’air du temps, ce temps frelaté que nous vivons, alors que jadis la bonne éducation, le scrupule et la probité intellectuelle étaient de mise. Ah, qu’elle était chérie et recherchée, la Vérité, au doux temps d’autrefois… Continuer la lecture de « Le déferlement du n’importe quoi »