À Chrysès, prêtre d'Apollon.
Silencieux, longeant la mer retentissante,
Ô vieillard, tu t'en vas, sous le poids des destins ;
Ils ne t'ont pas rendu la vierge florissante,
Dorure de l'automne en son rose matin. #
Chryséis, ô vieillard, était plus que ta fille,
Sa corolle s'ouvrait au milieu de ton cœur ;
Étant prêtre du Dieu qui réchauffe et qui brille,
Tu te rêvais du Temps le facile vainqueur. #
Mais sur un lit lointain t'apparaît le carnage,
Tu vois fuir et pleurer la pourpre de ton sang,
Ô Père ! un pâle lys de cette ombre surnage
Où s'apaise la honte et le bonheur descend. #
La vierge entrelacée au maître qui l'opprime
Connaît quelque douceur de son rude ennemi ;
Sous le sceau flamboyant qui marque la victime,
Amour, en Chryséis, ô Chrysès, a gémi. #
Lave tes froides mains dans l'écume de l'onde,
Mais ne maudis personne et tiens-toi de nourrir
De nouvelles douleurs les tristesses d'un monde
Où d'eux mêmes tes maux avec toi vont mourir. #