L’union des latins

L’union des peuples latins n’a plus aujourd’hui aucune actualité ni aucune expression, qu’elle soit institutionnelle ou pas. Ce thème a complètement disparu des journaux et des réflexions. Bien plus : le concept d’une race latine comme pouvait le manier Maurras en 1922 a définitivement fait naufrage avec la Seconde Guerre mondiale ; il est devenu informulable, a fortiori ne peut-on en débattre dans le champ politique.

Dans les faits mêmes, constate-t-on une proximité quelconque entre l’Amérique du sud, l’Espagne, l’Italie, la France, le Portugal et la Roumanie ? Il n’y a ni préoccupations communes, ni expression d’une unité quelconque. Là où le monde anglo-saxon semble avoir un peu mieux résisté, où l’Allemagne semble retrouver une arrière-cour en Europe centrale, alors que d’autres régions du monde trouvent des pivots plus ou moins forts, la vaste vision que nous trace Maurras dans la préface de 1922 à La Fin de l’empire espagnol d’Amérique de Marius André, cette vaste fresque de la latinité vivante nous semble bien éloignée. Continuer la lecture de « L’union des latins »

Que la République est une aristocratie manquée

Caricature de Churchill AF 1er nov. 1924
En 1923-1924, années électorales, Churchill change de parti, passant des libéraux aux conservateurs (AF du 1er nov. 1924).
Nous avons déjà eu l’occasion de dire, reprenant une formule de Maurras qui ne pouvait à son tour penser qu’à Lucrèce, que la politique maurrassienne se fondait ultimement sur « la nature des choses ». Principe presque paradoxal s’agissant de théorie politique, de ce que certains auraient peut-être taxé un peu vite d’idéologie.

Mais au juste qu’est-ce que cette nature des choses ? comment un principe aussi insaisissable et divers dans ses manifestations historiques et empiriques doit-il être compris ? Continuer la lecture de « Que la République est une aristocratie manquée »

Les déclarations de lord Balfour

« Les choix des foules, ceux des assemblées se portent uniformément sur des artisans de parole. Les uns sont honorables. Beaucoup et trop ne le sont pas. »

En 1921 déjà l’on parlait du désarmement. Et déjà c’était à coups de bons sentiments éloquents, d’intentions à coup sûr généreuses, mais aussi de paralogismes qui faisaient peine à entendre. Maurras a beau jeu de souligner le caractère incohérent des paroles de lord Balfour, personnage dont on se souvient essentiellement aujourd’hui à cause de sa déclaration de 1917 en faveur d’un foyer national juif en Palestine, tentative qui posa elle aussi de nombreux problèmes dont nous ne sommes pas entièrement sortis en raison de la politique louvoyante du gouvernement anglais, qui cherchait à ménager et les communautés juives sionistes et les Arabes de Palestine.

Que reproche donc Maurras au désarmement dans cette Politique du 11 septembre 1921, quand il souligne les erreurs de Balfour ? Continuer la lecture de « Les déclarations de lord Balfour »

Maurras défenseur de la langue française

Du vivant de Charles Maurras, la langue française n’était pas attaquée comme elle peut l’être de nos jours par l’hégémonie anglo-américaine. Il n’y avait donc pas là de danger immédiat, et Maurras n’en parlait guère, encore que nous ayons lu, dans un texte publié dans Candide en 1941, une vive attaque contre les anglicismes du langage courant.
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Jaurès, la Grande Mademoiselle

Jean Jaurès, qui a son avenue dans toutes les villes de France, est un mythe officiel, une statue du Commandeur, une référence omniprésente ; mais qui sait au juste ce qu’il fut, ce qu’il réalisa ?

Les points de repère sont rares. Jaurès n’a jamais été à la tête de l’État, il n’a jamais même été ministre. Il n’a pas tenté de prendre le pouvoir. Il ne laisse aucun livre culte, aucune poésie que tout un chacun a pu apprendre à l’école. On est bien en peine de citer quelque chose de lui, ou de lui attribuer quelque événement symbolique ; pas de bataille d’Hernani, ni de « J’accuse », ni de Déjeuner sur l’herbe. Les mines de Carmaux, la Verrerie ouvrière d’Albi, voilà qui relève plus du fait divers local que de la secousse planétaire. Alors, d’où vient la légende ? Continuer la lecture de « Jaurès, la Grande Mademoiselle »