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Les aventures de M. Wladimir et de Mme la Princesse

I

« C'est lui.

— Ce n'est pas lui.

— Je te dis que c'est lui !

— Je te dis que non… »

Le concierge faisait une voix plus grosse que la concierge. Mais cette belle fille de Bourgogne vineuse avait son cri, qui valait l'autre, pour pénétrer portes, cloisons, murailles, d'un suraigu « ce n'est pas lui ». Toutes les loges des rues de Poitiers, de Verneuil, de Lille, de l'Université avaient fini par déléguer quelque représentant dans le joli petit entresol où gisait le mince cadavre contesté.

Près de la main raidie, sur les draps rosés de sang pâle, un revolver de nacre paraissait dire, un peu confus : « Voici que j'ai tué. »

Mais la concierge s'expliquait.

Elle articulait :

« Ce n'est pas notre locataire. Ce n'est pas le monsieur du 20 de la rue de Poitiers. Je le connaissais bien ! Je faisais son ménage, je le raccommodais, je cirais ses petites bottines.

— Eh ! non, qu'est-ce que tu veux ! Nous n'y pouvons rien ? C'est lui, répliquait l'obstiné.

— Mais tu l'as bien vu comme moi, hier, quand il nous a payés. Il avait les yeux clairs, les paupières propres, les cheveux bien peignés, son air qui faisait jeune. Trente ans ? Trente-cinq ? Pas beaucoup plus. Ça, c'est un vieux, chauve, avec des yeux bordés de rouge. On l'aura déposé, ici, à la place de mon Monsieur…

— Qui, on ? Personne n'est entré ni monté… Pour le déposer, qui ça ?

— La cambriole…

— Pas de porte forcée, dit-il. La serrure intacte…

— C'est malin, quand on a la clef !

— Et Azor, tu l'oublies ? il ne peut sentir un étranger.

— Les chiens dorment comme les gens.

— Pas lui ! Il aurait jappé.

— Il est comme les autres. Et puis, vois cette barbe… Il la portait en petite pointe très bien : la barbichette de tout le monde, il y a quinze ans. Vois sa photo de cet hiver. Ça n'a pas de rapport avec les longs poils qui coulent sur la chemise, et ces frisons, comme aux bohémiens à la foire. En voilà une qui n'est pas poussée d'hier soir ! »

Et les mains dans les poches de son tablier, elle n'arrêtait pas :

« Sa barbe à lui n'avait pas deux travers de doigt… Et celle-ci…

— Elle est peut-être fausse, dit l'homme.

— Va donc la tirer, tu verras. »

Il se met en marche. Un grand diable de sergent de ville se lève pour crier les paroles sacramentelles :

« Ne touchez rien. On est allé chercher Monsieur Wladimir. »

II

Ce grand nom fit une espèce de paix : du silence.

Bien qu'il en fût aux modestes fonctions de chien de commissaire (ou secrétaire du commissaire de police), Monsieur Wladimir n'était pas le premier venu au quartier Saint-Thomas d'Aquin.

Son prestige s'étendait aux Invalides et au Gros-Caillou. Actif, allant, serviable, toujours prêt aux explications claires, aux renseignements précis, il ne se faisait pas prier pour donner un conseil. Les ménagères lui savaient gré de sa complaisance autoritaire, certains bourgeois huppés s'en étaient bien trouvés, et de belles dames aussi. Il soufflait dans sa voilure une popularité de bon goût, comme il convient dans ces quartiers. On avait perdu son nom de famille. Le prénom distingué faisait flotter sur son berceau d'agréables pans de mystère : honnêtes bâtardises de grand-duc, d'archiduc, ou d'ambassadeur. De vieux Parisiens renseignés en souriaient avec réserve ; parler n'eût fait ni bien ni plaisir à personne.

Mais enfin, il n'était pas tout à fait ignoré que le futur chien du commissaire avait été vu, faubourg Saint-Honoré, dans la maison d'une haute princesse de France, en la simple qualité de valet de pied. Autant que bonne et généreuse, Madame d'X… était un esprit de vaste culture et de très haut bon sens. Le hasard avait fait qu'elle employât particulièrement Wladimir à retenir et à garder ses places aux grandes conférences dont elle ne manquait pas une : Sorbonne, Notre-Dame, Académies, Collège de France, institut d'Action Française, elle y trouvait satisfaction pour son goût des idées, de leurs rapports, de leurs conflits.

Elle avait remarqué, à plusieurs reprises, que cette perle des valets s'arrangeait pour ne jamais quitter une salle, fût-elle comble ; le bras chargé de l'imperméable ou de la pelisse, il se tenait debout au fond sans perdre un mot du professeur ou du conférencier. Un jour, s'étant retournée par miracle, que vit-elle ? Son Wladimir ouvrant une bouche de four, l'œil plus grand que nature, et béant tout entier, avec une expression de félicité qui n'était point du tout d'un bêta. Quand on fut de retour, elle voulut en avoir le cœur net et se mit à le questionner. Wladimir récita de bout en bout le cours auquel il venait d'assister, sans faire grâce d'une acrobatie du maître. Avait-il aussi bien compris que retenu ? Ses réponses le classèrent à l'égal de ce qu'auraient donné les philosophes mondains et les agrégés de passage dans les dîners de la princesse. Elle sauta sur son stylo :

Mon cher Préfet, écrivit-elle à Jean Chiappe 1, savez-vous qui nous a ramenés, hier, vous et moi, de Bergson ? Un phénomène ? Non ! Un prodige ? Non ! Un phénix ! Me voyez-vous faire ouvrir mes portières par un phénix ? Je n'aime pas qu'on laboure avec un diamant. Donc, acceptez-en le cadeau. Tirez-le d'ici, vite ! Empêchons ce coulage ! Il faut que ce garçon fasse son chemin. Prenez-le donc dans vos bureaux ! Un tour de faveur au besoin, pour qu'il y ait un peu de justice en ce triste monde !

Wladimir dut porter le poulet à Jean Chiappe, qui aimait aussi le talent et la justice. Il avait la princesse en vénération. Un interrogatoire délicat et bienveillant fit apparaître que Wladimir, ayant amorcé de bonnes études, les avait interrompues trop tôt par un gros revers de fortune. De place en place, il avait dû accepter celle qui l'obligeait à mettre ses mollets à l'air.

Après un stage favorable au cabinet personnel du préfet, les chances et les risques de la vie parisienne surent organiser pour Monsieur Wladimir de petites missions suburbaines ; ses enquêtes fort bien menées firent valoir ce qu'il avait dans l'esprit de rigoureusement déductif et logique. « La veine ! » disaient les uns. Et les autres : « le flair ! » Que ce fût par logique, sens critique ou bonne fortune, il réussissait à passer des concours et à décrocher des grades qui permirent de le nommer dans le centre de Paris, où l'attendaient d'autres succès. Le mérite de l'homme releva des fonctions restées secondaires. Entre temps, par la protection de son officier de paix, le poète Ernest Reynaud 2, de l'École romane, Monsieur Wladimir publia deux plaquettes de vers. D'un sentiment un peu froid, elles valaient par l'élégance et trahissaient l'amour des disciplines philosophiques. La bonne princesse exultait. Elle était ravie de le rencontrer quelquefois au pied de chaires fameuses, de lui sourire et de l'accueillir. Lui n'avait garde de chercher à reparaître dans la maison où il avait servi ; cette discrétion ajoutait à sa gloire en fleur.

« Signe de tact, disait la princesse.

— De tact et d'amour-propre bien compris, disait aussi Jean Chiappe, qui tenait Monsieur Wladimir pour l'une des espérances de son personnel. »

Il ajoutait :

« Je lui vois un point faible. Homme d'une seule idée. Il n'en a qu'une à la fois. Alors, c'est la cloche pneumatique. Par le vide, l'idée solitaire gonfle, et gonfle à crever. Faute de trouver des complémentaires qui l'équilibrent, cette idée fixe peut conduire à des formes de fanatisme…

— Oh ! fanatisme ! De la politique, alors ? demandait la princesse.

— Heureusement pour Wladimir, il ne fait pas de politique. Je vois un fanatisme de sentiment, d'école, de chapelle… »

Et la princesse faisait taire M. Chiappe, et M. Chiappe ne demandait pas mieux, car il aimait Wladimir pour ses talents et pour ce que son ascension sociale avait d'ancien et de nouveau, encore que de plus en plus rare dans la vie moderne. Il se félicitait de la part qu'il y avait prise, et Monsieur Wladimir n'en faisait que mieux son chemin. Ivre de belle confiance, il ne laissait rien démêler de sot.

III

Dès que le chien du commissaire eut pénétré dans l'appartement, le bataillon des concierges lui rendit les honneurs ; hommes de ci, femmes de là, il fut conduit processionnellement, entre deux haies, jusqu'au pied du gisant.

Ni grand, ni petit, jambé, râblé, musclé, sachant jouer de l'œil, du coude, du genou, c'était un assez beau garçon que Monsieur Wladimir, avec ce soupçon d'importance qui ne prélude pas mal à l'autorité.

Les deux chansons recommencèrent :

« C'est lui !

— Ce n'est pas lui ! »

Mais le concierge mâle fit son rapport en règle. Un écrivain connu, Denys Talon, locataire de l'entresol, s'était donné la mort, cette nuit, ou ce matin. S'il n'est pas mort tout de suite, l'agonie, le mal, la souffrance avaient pu altérer quelque peu ses traits. Mais, foi de gérant de l'immeuble, dont il avait la garde depuis dix ans, il ne pouvait y avoir de doute sur l'identité…

« Ce n'est pas mon avis, monsieur Wladimir, dit la femme. Eh ! regardez-moi cette barbe ! »

L'homme répondit posément :

« J'ai déjà dit que la barbe pouvait être fausse.

— Voyons », dit M. Wladimir, qui approcha, tira. La barbe tint.

Madame triompha :

«  Tu vois bien que ce n'est pas lui ! »

L'homme allait répliquer on ne sait quoi. Mais voici du nouveau : monsieur Wladimir ayant légèrement soulevé le haut du corps mort, l'on entendit un bruit clair, comme des billes roulant sur le parquet. Il se baissa et put ramasser, une à une, dix-neuf dents, à la vérité vieilles, jaunâtres, presque noires !…

Nouveau, triomphe de Madame :

« Les dents de M. Talon, ça, ces chicots de vieux ? Il riait comme un petit loup. Je le sais bien ! Je le lavais, le brossais, le voyais tous les jours… »

M. Wladimir demanda s'il n'y avait pas d'autres témoins. Personne ne répondit. La dispute aurait repris quand l'attention du magistrat fut détournée des contestations subalternes. Sur la table de nuit, contre l'étui de l'arme et la grande montre-réveil, se découvrait un assez fort manuscrit dont la chemise brune portait ces mots :

Récit, confession, testament

écrits à main courante. Par-dessous, au milieu du premier feuillet, on lisait en grosse ronde calligraphique le titre suivant :

LE MONT DE SATURNE

suivi de trois sous-titres :

Le rêve, la vie, la mort

et d'épigraphes variées.

M. Wladimir se dit que la clé de l'affaire était là, le moyen de la trouver, ou celui de la fabriquer.

Il congédia l'assistance en ajoutant qu'il allait voir cela tout seul, mais non sans prescrire au planton d'aviser le commissariat que l'enquête le retiendrait tout le jour, on n'avait pas à compter sur lui jusqu'au soir.

M. Wladimir s'assit. Il lut.

IV

M. Wladimir, secrétaire du commissaire de Saint-Thomas d'Aquin achevait la lecture qui allait faire éclater son génie.

Aux derniers mots, il avait cru entendre la détonation et voir l'écrivain Denys Talon tomber à la renverse sur l'oreiller.

« Mais, dit-il à mi-voix, s'est-il tué raide ? C'est ce que le concierge semblait penser… »

On frappa :

« Au diable l'intempestif ! »

C'était le médecin des morts. Heureusement, il était fort pressé. Ses premiers mots prirent la suite du soliloque de M. Wladimir :

« Le concierge semble estimer que M. Talon ne serait pas mort tout de suite… Alors, il se serait un peu manqué ? »

L'homme de l'art, ayant tâté sommairement, reprit :

« Un peu. »

Il repalpa.

« De peu. Le sang perdu. Le cœur…

— Mais, demanda le policier, à quelle heure peut bien remonter le décès ? »

Nouveaux tâtons rapides :

« Les dernières heures de la matinée, peut-être. Midi au plus tard. Pour l'identité, savez-vous ? La femme criait, contestait… »

M. Wladimir donna au manuscrit une petite tape du dos de la main et dit, d'un ton capable :

« La question ne se pose plus. »

Monsieur Wladimir avait tout vu : la promptitude de son intuition, la rigueur de sa déduction l'avaient fixé. Il murmura :

« La mort n'a pas été instantanée ? Il a agonisé dix heures ? Donc tout s'explique. »

Le médecin partit au trot. Il avait apporté les lumières de la science. M. Wladimir en recueillait pieusement le dernier rayon, mais il l'ordonnait et l'organisait :

« Un peu manqué, longue agonie. Oui, se disait-il à voix haute, tout colle, tout s'enchaîne, tout s'articule et se lie. »

… Où d'autres, à sa place, n'auraient vu que trente-six mille chandelles, il regarde s'étendre devant lui une nappe de clartés qui montent, en s'égalisant vers les paradis de la certitude. Il boit et reboit ces flots purs, il s'en pénètre à fond. Sa conviction qui s'est formée a ce caractère particulier qu'elle est corroborée par ce qui pourrait l'ébranler : désaccord des concierges, silence d'Azor, serrures intactes, les dix-neuf dents jaunâtres détachées d'elles-mêmes, le poil allongé et vieilli. Ce qui ferait difficulté facilite l'explication ou la vérifie. Que la barbe de Denys Talon se soit permis de croître d'une façon démesurée par rapport aux quelques dix pas de l'aiguille sur le cadran, ou bien que les dents aient jailli de l'alvéole au premier mouvement du corps mort, attestant une singulière vitesse de la carie, cela n'importe plus que pour s'interpréter en bonne méthode : les faits sont patents, et leur ombre de résistance s'évanouit au clair d'une saine philosophie.

V

Car M. Wladimir sait une bonne chose qu'il a apprise à bonne école, que le Temps vulgaire n'existe pas ou que ce Temps n'est pas le vrai ! Un grand écrivain du XVIIe siècle a donc été bien fat quand il a prétendu pouvoir fournir aux hommes la bonne heure en disant : « Je tire ma montre ». Ô illusion du vain prestige pascalien ! Le « temps des montres » est un faux temps, tel que l'esprit le projette sur leur cadran :

« Un temps tout mécanique, donc ir-ré-el ! »

se répétait, en épelant, M. Wladimir, selon le b-a ba d'un grand maître ; il lui revenait d'en faire aujourd'hui la toute première application administrative et légale.

« Ir-ré-el. »

Quand l'écrivain Denys Talon a mis le point final à sa phrase suprême « Ça va y être, ça y sera », deux heures venaient de sonner. Il a tiré. Il était certainement mort à midi. Entre ces deux termes, « l'heure de l'horloge » avait pu marquer ou sonner leur chiffre artificiel ; mais combien plus de coups, combien plus de pas, lui aurait chantés l'Heure vraie ?…

« L'heure du temps réel, ré-el, épela M. Wladimir. Pour ce temps, combien d'heures ont pu tenir dans la vie du cadran ?

« Cinquante ? cent heures vraies ? Mille ? Dix mille ? La marge est élastique, extensible à l'infini, on l'agrandira autant qu'il en sera besoin… »

La parole qu'extériorisait le jeune policier s'arrêtait là, pour le moment.

Il s'ouvrit une longue méditation silencieuse.

« Voyons ! voyons ! se disait-il, avec une espèce de chant qui retentissait dans les catacombes de son esprit. Ce Denys Talon était doué d'une vitalité exceptionnelle. Presque toute-puissante. Insatiable. Sans parler du nombre, de la diversité et de la violence de ses peines d'amour, l'énergie de sa conduite une fois résolue, le tableau sans bavure de sa journée d'hier portent le même caractère ; courses, commandes, legs, hammam, assaut d'armes, ronde de nuit, et le soin donné aux dernières pages, à cet exposé final, dramatique et lucide, où les abstractions sont produites en symboles clairs, en voilà un que ses déboires sentimentaux n'avaient pas épuisé ! Les pessimistes allemands interdisaient le suicide comme le coup d'éclat d'une vitalité qui ne s'est pas renoncée, ils y voyaient comme le triomphe du Vouloir-vivre. Ils avaient raison pour le cas que voilà ; notre homme était en pleine forme, ivre de ses chaleurs vitales et des clairvoyances de sa raison.

« Une seule faille apparaît dans cette personne si forte ! Sa pitoyable philosophie. La philosophie classique française des idées claires. Cartésienne ou thomiste, cette idolâtrie de ce qui se fabrique et se définit au grand jour. Ah ! le pauvre garçon ! Et il a cru pouvoir se battre, lui, tout seul, contre ce vrai Moi subliminal que remonte et recouvre, sans le dominer, notre menu Moi conscient ! Il ignorait que ce qui surgit, comme un seuil, de la masse des choses vers leur obscur sommet, ne peut qu'émerger un instant des gouffres de l'Inscruté et de l'Ignoré ! Le pauvre Denys a cru vaincre son grand Moi latent, secret, insondable, avec les débiles élans et la chétive industrie de l'intelligence explicite.

« De quel triomphe inane s'est-il abusé ?

« L'insensé a cuydé avoir également raison de la nature universelle ainsi que de son propre naturel souterrain. La nature invaincue, la nature invincible ! Elle l'a brisé en un temps et deux mouvements, lui et les armes dangereuses qui devaient éclater dans sa main. Abréger sa Durée ! Il prétendait donc à cela ! Raccourcir, mutiler sa réalité essentielle ! Le plus inégal des duels ! Le résultat s'en voit, se touche. Non seulement la mère-nature, autrement forte que lui, a été plus maligne. Elle ne s'est pas laissé battre. Pour parler comme lui, c'est elle qui l'a fait quinaud.

« Ce qui s'est passé est ce qui devait se passer, selon toutes les normes.

« Denys Talon a commencé par se manquer un, peu. Bien fait ! lui aura sifflé la mère-nature. Je t'avais solidement charpenté. Tu étais, comme on dit, bâti à chaux et à sable. Même ton insensée main droite ne pouvait pas t'obéir, l'index droit devait te trahir, cette volonté d'épiderme et d'écorce devait jouer contre ton futile dessein temporel pour te plier et te ployer à la loi de l'éternité…

Monsieur Wladimir, après avoir fait parler la Nature, reprenait pour son compte :

« Denys Talon devant mourir octogénaire, le programme normal de son agonie à quarante ans devait faire tenir dans l'arc d'un demi-tour de soleil ou de lune cette vie forcenée qui lui bourrait la moelle, et les nerfs, les muscles et les os. En ce tout petit espace du temps sidéral et, comme l'a bien dit Monsieur Bergson, du temps mécanique, devait se condenser, se concentrer, se contracter la quintessence des quarante ans qui restaient à brûler de l'élixir vital, des fluides qui l'animaient. Traduisons ce que cela veut dire. Un monde intérieur aux vibrantes images lui a fait sentir et souffrir ce que lui avaient préparé son âme et sa chair. Pour une certaine mesure, et dans cette mesure, il lui a fallu savourer toute la dose de désirs et de déceptions que lui avaient valu ses anciennes amours, ce que devaient lui revaloir d'autres amours futures aux nouvelles saisons : d'autres Marie-Thérèse, d'autres Ismène, d'autres Hydres blondes et d'autres Gaëtane, avec ce mandat exprès de courir aux suivantes sans en être jamais content, selon la haute chanson de Menoune, mais en outre, en application de toutes les légalités de sa longue ligne de vie, symbole efflorescent de l'infra-physique fatal.

« Son corps en a reçu les secousses, et donc enregistré les marques. Comment en eût-il été autrement ? Idées, émotions, rêves, actions, déchirures subites ou érosions lentes, ce qui lui ébranlait l'âme dut aussi retentir ailleurs, tout le temps réel qu'il a souffert sur ce petit lit. Et je ne parle pas d'un seul genre de fatigues. Dans son agonie, sans bouger de place, Denys Talon aura voyagé, il aura éprouvé les trépidations des rapides du monde, il a monté et descendu, et aussi redescendu les houles des navires de tous les océans. Partout les peines et les plaisirs inéprouvés le fouettèrent à l'épuiser. Des femmes de toutes couleurs, des drogues de toutes saveurs ! Il a bien fallu que sa fibre vieillisse à proportion de sa prodigieuse capacité de durée, ce pur synonyme de l'âme, Monsieur Bergson nous l'a bien dit. La peau de chagrin était large, Denys Talon l'a ratatinée en vitesse, mais vitesse apparente qui n'était pas le train réel de l'écoulement de sa vie. Dans le même demi-tour du cadran, ne l'oublions pas, il a dû faire aussi son métier d'écrivain, sécréter, suer et saigner des livres inédits que nous ne lirons pas ; il les a rédigés en rêve et, comme tout le monde, il enfantait dans la douleur ce qu'il avait conçu dans la joie. Toute cette œuvre prolongée a dû être reprise, corrigée, remaniée, puis défendue devant la critique. Que n'a-t-il pas écrit, et fait ? Sans crever la souple membrane physique, élargie ou rétrécie suivant les besoins, et dont il faisait tous les frais, il exploitait son temps réel, tout en vidant son élastique fourre-tout du Grand Tout…

Le sourire des derniers mots montre que M. Wladimir, comme tout sacristain, savait un peu jouer des vases de l'autel.

Mais il se remit à prier :

« Ô temps réel, que n'aura dû et pu instiller et loger dans tes alvéoles mobiles un homme du ressort de Denys Talon ! Outre ses travaux, n'y eut-il pas ses maladies ? Dans ces dix heures qui auront valu quarante ans, les fièvres l'auront agité qui l'aidèrent à se dégrader corporellement, et voilà les faits rejoints, nous pouvons les affirmer ; comment ces maladies ne lui auraient-elles pas séché, blanchi, allongé le poil, creusé, ébranlé et jauni la mâchoire avec cette apparence de rapidité illusoire qui peut paraître insensée, alors que, très précisément, le contraire l'aurait été !

« Souvenons-nous de ce que peut le rêve sur nos sommeils. Le poète y fait des vers, le savant résout des problèmes, le négociant achète, vend, emprunte, paie, encaisse et ristourne. Si, pour eux, l'usure nerveuse est insignifiante, elle existe, elle ne peut ne pas retentir sur leur organisation. Même à l'état de veille, les bouleversements moraux ont des effets matériels tenant de la magie, la mauvaise aventure blanchit en une nuit une jeune tête de femme, une brusque douleur laboure de rides profondes la lisse paroi d'un beau front. Assurément, par rapport à ces cas extrêmes, celui de Denys Talon peut paraître encore effarant. Soit. Et nouveau ! Soit ! Et, jusqu'à présent, inconnu. Soit encore ! Le vaste sein de la Nature naturante…

(Car M. Wladimir se mettait au beau style.)

« … le vaste sein de la Nature naturante réserve à nos explorations bien d'autres surprises que l'allongement instantané d'une petite barbe ou la prompte carie de dix-neuf dents. Rien ne peut limiter ce champ mystérieux. À quoi bon déflorer ce qu'lsis voile encore ? Tenons-nous fermement à l'aveu tangible d'un étrange potentiel de cet élan vital, le Nisus, l'Impetus 3, tout ce qui peut souffler sur le bûcher humain. Étant ce qu'il était, soumis aux courants qui le régissaient, le système pileux de Denys Talon devait subir l'implacable impératif interne de gagner un certain nombre de centimètres en dix heures ; son système dentaire ne pouvait se dispenser de se gâter et de se décoller aux deux tiers, non dans un vain espace de temps mathématique fixe, mais conformément à la mesure de sa vie et de ses esprits. Ainsi des rides, ainsi du teint ! L'invisible chef d'orchestre accélérait la mesure de son bâton ; les esprits animaux centuplaient la rapidité de leur bal, et le quadragénaire cédait ainsi la place au vieillard, comme la concierge l'a fort bien vu quand elle a refusé de le reconnaître. Mais ça a été sans nulle intervention de cambriole, tout simplement parce qu'une certaine lampe qui avait de quoi brûler et flamber quarante ans devait se consumer en une demi-nuit. Cela peut changer les idées reçues, non les idées de M. Bergson, mon maître, que voilà ainsi remarquablement fortifiées et corroborées. »

VI

Telle fut, dans ses grandes lignes, la méditation de M. Wladimir.

Il ne s'en tint point là. Esprit consciencieux, il tira de son imperméable un petit livre 4 paru la veille et dont il avait dévoré déjà plus des trois quarts. Un signet, page 219, marquait ces lignes concluantes, qui cochaient en rouge et de bleu une précieuse interviouve de M. Bergson 5 :

La considération de la durée pure me fut inspirée par mes études mathématiques, alors que je ne songeais nullement à me poser en métaphysicien. Elle se borna d'abord à une sorte d'étonnement devant la valeur assignée à la lettre t dans les équations de mécanique. Mais le temps mécanique, c'est celui de l'horloge. C'est celui de tous les jours…

« Donc, pas le temps d'un type aussi particulier que Denys Talon, remarqua M. Wladimir. »

Il revint à son maître :

… Et si je réussis à démontrer qu'il n'est (ce temps d'horloge) qu'une dimension de l'espace, il nous faudra bien conclure que nous étalons sur un espace imaginaire notre temps intérieur, ou durée réelle, qui, lui, est indivisible et se situe absolument hors de l'espace…

« C'est bien cela. Hors de l'espace, répéta M. Wladimir. Hors du tour ou du demi-tour d'un cadran. Hors d'aucun espace visible. Ab-so-lu-ment intérieur. Le seul qui soit vrai !

« L'espace bassement approximatif des horloges peut, cahin-caha, mesurer la lente mue habituelle de notre pauvre corps, son changement insensible “de tous les jours” d'après le cours observé des corps spatiaux qu'il est juste d'appeler irréels comme le soleil ou imaginaires comme la lune, mais cet espace-là ne mesure en rien les mues de l'humain, à plus forte raison d'un humain privilégié comme le client d'aujourd'hui.

« Pour dévorer cette jeune vie et la conduire à son degré de consomption ascétique et squelettique, le feu intérieur ne s'est pas contenté de prendre un bon galop, il a couvert avec des bottes de sept lieues ce que la vie coutumière aurait mis d'infinies années spatiales à parcourir. Tous les organismes ne sont pas aussi magnifiquement doués pour participer à l'incendie universel. Quelques-uns peuvent approcher celui-ci. Mais d'autres peuvent le passer. Après tout, pourquoi une simple demi-heure du même impetus du nisus bien accéléré ne ferait-il tomber en une pincée de cendres un Denys Talon mieux flambé. »

Ainsi allait, allait le monologue du jeune policier, philosophe antimathématicien. Tout à l'enthousiasme de la contribution sans pareille qu'un fait-divers de son ressort et de son quartier apportait à la doctrine des doctrines, au maître des maîtres, il se reprochait encore la modestie et la prudence de son langage. Simple contribution, cela ? Non, une preuve par neuf ! Quelle douche pour les impertinents qu'il avait entendus, à la table de la Princesse, se permettre, jadis, objection ou contradiction ! Ce que le Maître avait pensé et démontré, l'humble disciple en apportait la confirmation par l'expérience, événement non négligeable en matière scientifique, ce bon et brave corps mort qui, par son poil et sa denture, est devenu tel que l'a dû méconnaître l'œil de sa propre femme de ménage et concierge très dévouée.

Le regard de M, Wladimir flottant sur la couche funèbre, baignait aussi dans une douce mer de lait, comme il s'en manifeste dans les aurores de l'Esprit.

VII

Il n'y tint plus. Il expédia les menues formalités de son rite et, d'un pied léger, le manuscrit au bras, petit traité bergsonien en poche, il courut à perdre haleine jusqu'à la haute maison dont il s'était interdit l'accès, par un honorable mélange de tact et de respect humain.

La Princesse était chez elle, et seule, de loisir, elle le reçut sur-le-champ. Il put tout raconter et recueillir les signes d'un sensible intérêt. Elle voulut connaître le texte de Denys Talon. Wladimir en fit l'entière lecture. La sage et spirituelle Française écoutait avec ce sourire des yeux qui n'eut pas son pareil.

Quand il eut achevé par le cantique enthousiaste de sa bergsonite indurée, elle dit de sa voix jeune, où tintait un rire léger :

« Vous êtes sûr de tout cela, mon bon ami ? »

Il répondit, un peu gourmé :

« C'est, Madame, que je ne vois pas où mettre la place d'un doute.

— Moi, dit-elle, je douterais de Monsieur le concierge. Ces fonctionnaires sont un peu formalistes. Et quelle sainte frousse des responsabilités ! Dans l'immeuble, où tout doit être bien, alors tout l'est : tout va bien ! Azor doit aboyer, il aboie, aboiera toujours… Ah ! je connais mon vieux Paname, ses concierges mâles compris ! J'aime mieux leurs femmes. Des reines ! Eux, de simples princes consorts. Le vôtre a eu le tort de ne pas écouter la sienne. Pour le chien, elle avait raison : depuis quand ne sait-on plus faire taire le chien dans une mystification bien montée ?

— Une mystification ! Madame !

— Disons supercherie… ou encore, comment dit-on ? une fumisterie. Un peu macabre, oui. Pendant que vous disiez de si belles choses, je pensais, comme la concierge, à une part possible des moyens de la cambriole !…

— Quelle cambriole ? Où ? De qui ? Pour qui ? »

Les beaux yeux semblaient répondre comme dans Gyp 6 :« Ben ! Bédame ! C'est votre affaire, à vous, messieurs de la Tour-Pointue ! »

Lui, sans rien voir, poussait l'argument :

« Et puis, le manuscrit ! Il est bien clair ! »

Mais elle :

« Il est trop clair, je m'en méfie aussi. Et puis, votre monsieur Talon, je l'ai un peu connu, je l'ai même reçu. Il était fort gentil. Nous nous entendions. Peut-être m'aura-t-il comprise, en tout bien tout honneur, dans la distribution de ses souvenirs. Mais personne n'aura aimé comme lui à jeter de la poudre aux yeux. Il se fût fait hacher pour un paradoxe de quatre sous. Ah ! le beau mythomane ! On ne lui ferait pas une grande injustice en supposant qu'il disparait pour reparaître. À moins qu'on ne le retrouve comme le pauvre Jean Orth 7, l'archiduc, dans quelque Patagonie, sur l'Orénoque ou l'Amazone ou bien chez des Papous, qui auront oublié de le manger, comme son pistolet de le tuer… Je suis tranquille. Il reviendra, ne sera-ce que pour respirer le succès du livre posthume. Car ce livre peut en avoir. Vous allez le porter tout de suite chez l'éditeur, n'est-ce pas, mon bon Wladimir !

— Mais, madame…

— Ah ! à moins que Talon lui-même n'en ait chargé le concierge qui, sûrement, en a copie. Car il en sait long !

— Le concierge ?

— Bien sûr, mon ami. C'est quelque nouveau truc de lancement en librairie. Nos gens de lettres sont capables de tout. »

Wladimir, montrant ses connaissances, évoqua du Laurent Tailhade 8 :

« Venez ici, Gens de lettre et de corde !

— Je retrouve mon Wladimir, s'écria la Princesse, heureuse.

— Cependant, madame, vous avez bien ouï ce que Talon a écrit en toutes lettres, ses je me tue, ses ça y est.

— Ce qui s'écrit ne peut pas toujours arriver.

— Mais alors ! ce cadavre de remplacement ! Talon l'aurait introduit dans son appartement, mis dans son lit ? Où l'aurait-il trouvé ?

— Mon bon Wladimir, un écrivain fréquente les amphithéâtres, les hôpitaux, la Morgue, les terrains vagues… Là ou ailleurs, si l'on y met le prix, croyez-vous difficile de trouver… comment dit mon neveu le carabin ?… de trouver un macchabée aussi frais que le vôtre ?… On aurait pu l'avoir plus frais ! Pesons les difficultés… avoir ce macchabée doit être plus facile que de faire dépenser dans une seule nuit, au même agonisant, quarante ans de combustible et des carburants vitaux. Quarante ans, Wladimir, combien cela fait-il de nuits ?

— Près de quinze mille, madame la Princesse.

— À dix heures de la nuit, cela fait cent cinquante mille heures ! C'est beaucoup, c'est un peu trop de les faire tenir en dix…

— Je crois avoir dit à madame que l'écart m'avait paru eu effet un peu fort.

— Gros, surtout. Si vous voulez mon sentiment, Wladimir, la Philosophie vous a fait perdre une occasion de conduire la fine enquête… Talon a de la chance ! Vous aurait-il flairé, pour aider sa combinaison ? Je crains que vos affaires n'en soient pas avancées à la préfecture. »

La moitié de la fine enquête était déjà faite d'une très blanche main. La Princesse tenait et tendait le fil d'Ariane ; Wladimir ne le saisit point.

VIII

Piqué au vif, il reprit, non sans amertume :

« Je regrette, madame, je regrette ! Il me semble que vous faites bien bon marché de ce que nous avons appris de M. Bergson. »

Ce nous reconstruisait les bancs d'une École idéale et faisait asseoir la Princesse à côté de lui.

Il insista :

« Pouvons-nous oublier la magistrale distinction entre les deux Temps : l'irréel, de l'horloge, le vrai, de notre corps et de notre cœur ? »

Elle rit :

— Croyez-vous que je l'aie oublié ? Nulle femme n'eut à l'apprendre, depuis sa grand'mère Ève ! On me l'a fait chanter quand j'étais toute petite :

Que le temps me dure
Passé loin de toi 9… »

Et elle tapotait quelque clavecin idéal :

« Dans les cinq petits mots du premier vers, la distinction est toute faite. »

Mais Wladimir :

« De qui est cela, madame ? De quel Bergson d'avant Bergson ? »

Ses yeux s'ouvraient plus grands qu'à la leçon du Collège de France. Elle répondit :

« Mais c'est tout bonnement l'air à trois notes de Jean-Jacques. Soyez tranquille. Ce n'est pas lui non plus qui découvrit la différence du tic-tac réglé d'une montre avec le galop varié du cœur qui attend…

— Alors, monsieur Bergson n'a rien trouvé de plus, madame la Princesse ?

— Là-dessus, pour moi, non. C'est d'ailleurs en son honneur, pour sa mémoire, le pauvre cher homme ! que je me suis remise à aimer la tendre petite romance et, maintenant, pour elle, je donne l'Héloïse, Émile, les Rêveries, tout Rousseau.

— Et tout Bergson, sans doute, madame la Princesse ?

— Vous l'avez dit, mon bon Wladimir ! »

Il la salua et, roide, sortit, se parlant à lui-même et faisant les grands bras.

La Princesse laissa tomber les siens et se murmura tristement :

« Ce pauvre Jean Chiappe avait vu juste. Il ne faut pas placer l'oiseau de l'idée sous une cloche vide. Cela commence par enfler, pour retomber à plat. »

Charles Maurras
  1. Jean Chiappe, 1878-1940, préfet de police de la Seine entre 1927 et 1934, par ailleurs père de l'historien Jean-François Chiappe. Il fut révoqué le 3 février 1934, ce qui précipita l'émeute du 6 février. Accusé par toutes les gauches d'avoir des sympathies pour l'extrême droite, il fut élu député indépendant en 1936. Il disparut en 1940, à peine nommé haut-commissaire au Levant ; son avion fut abattu alors qu'il allait se poser au Liban. Son rôle effectif et sa capacité d'influence ont fait naître bien des fantasmes. (n.d.é.) [Retour]

  2. Ernest Reynaud, 1864-1938, poète disciple de Jean Moréas. (n.d.é.) [Retour]

  3. Nisus, impetus : mots latins exprimant l'idée de mouvement et d'effort, utilisés avec d'autres comme catégories par les premiers physiciens, dont Leibnitz, puis repris par les darwiniens avec le sens de forces poussant à l'évolution. Bergson utilisera à son tour ces termes. Maurras cite à plusieurs reprises ces notions en latin : voir le chapitre III du Nouveau Kiel et Tanger ou le texte de Maurras sur André Chénier, à propos du Satyre et de L'Aveugle. (n.d.é.) [Retour]

  4. Bergson, mon Maître, par Gilbert Maire. [Retour]

  5. Ce livre parut en 1935. Gilbert Maire, ancien sympathisant actif de l'Action française, quitta en quelque sorte Maurras pour Bergson auquel il consacra un premier livre en 1927. (n.d.é.) [Retour]

  6. Pseudonyme de la comtesse de Martel, 1849-1932, née Sybille Gabrielle Riquetti de Mirabeau, romancière à succès, par ailleurs boulangiste puis anti-dreyfusarde. (n.d.é.) [Retour]

  7. Jean Orth : nom d'emprunt sous lequel disparut l'archiduc d'Autriche Jean de Habsbourg-Toscane en 1890, un an après sa tentative ratée de coup d'état contre l'empereur François-Joseph (le complot devint sans objet après le drame de Mayerling). On ne retrouva jamais le corps de l'archiduc, donné comme disparu dans un naufrage en vue de la Patagonie, mais plusieurs personnes affirmèrent l'avoir vu dans les années qui suivirent. Ce mystère fantasmé s'ajoutant à celui de Mayerling a plusieurs fois été comparé à l'histoire de la « survivance » de Louis XVII ou à la survie de la princesse Anastasia après Ekaterinenbourg. (n.d.é.) [Retour]

  8. Laurent Tailhade, 1854-1919, qui, devenu anarchiste, n'en était pas à une provocation près. Maurras raconte l'histoire de ses relations avec ce malevolus poeta dans sa Tragi-comédie de ma surdité. (n.d.é.) [Retour]

  9. L'Air de trois notes (sol la si), qui se compose de 24 vers de 5 pieds, est généralement attribué à Jean-Jacques Rousseau. Cette chanson fut très populaire à son époque, et adaptée depuis par de multiples auteurs. Maurras la cite en exergue de son poème sur Paris, dans La Musique intérieure. Il y utilise, comme la Princesse, le mot temps, alors que le texte de Rousseau serait :

    Que le jour me dure
    Passé loin de toi,
    Toute la nature
    N'est plus rien pour moi…

    (n.d.é.) [Retour]

Texte paru en prologue et épilogue au Mont de Saturne, en 1950.

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