Le texte que nous vous proposons aujourd’hui est un texte de jeunesse paru dans La Réforme sociale en 1888, « La bienfaisance à Paris ». Le jeune Maurras a écrit quantité d’articles, et beaucoup comme cette « bienfaisance à Paris » débordent un peu la sèche fiche de lecture dont un autre se serait peut-être contenté pour rendre compte d’un ouvrage comme Paris bienfaisant de Maxime du Camp — l’ami de Flaubert devenu un sage et vieil académicien. Continuer la lecture de « La préoccupation sociale à vingt ans »
Étiquette : 1888
L’historien de la Monarchie de juillet
À l’âge de vingt ans, en 1988, Charles Maurras publie dans La Controverse et le Contemporain, revue éditée par un comité de professeurs des facultés catholiques de Lyon, une longue critique de l’Histoire de la monarchie de Juillet de Paul Thureau-Dangin. Sur les sept tomes que comptera finalement cette œuvre monumentale, quatre sont parus au moment où l’article est écrit.
Maurras se montre très élogieux pour l’auteur, et cette admiration ne faillira pas dans les années qui suivront, bien que les deux hommes ne partagent pas les mêmes convictions. Paul Thureau-Dangin est un libéral conservateur, très attaché au régime parlementaire ; Maurras admire en lui l’homme de lettres, son style, son érudition et surtout sa méthode d’analyse et d’écriture de l’histoire. En 1913, après la mort de l’historien entre temps devenu académicien, Maurras lui rend un bel hommage, tout en moquant avec courtoisie l’attachement du défunt au parlementarisme. Cet article sera repris en 1928 dans Les Princes des Nuées.
Mais revenons en 1888. L’actualité, c’est le boulangisme, et le régime en place, bien que parlementaire, n’a plus grand’chose de commun avec le parlementarisme « à l’anglaise » de la monarchie de Juillet. Aussi Maurras limite-t-il ses commentaires à cette période, et à la méthode historique en général ; et il trouve tant à dire, sur la société, les institutions, la littérature, les débats des années 1830 à 1848, qu’il s’y immerge avec volupté. Et le lecteur d’aujourd’hui ne manquera pas de voir, sous ces flots d’érudition précoce, que les idées que Maurras développera plus tard, et dont on entend souvent dire qu’elles lui sont venues pendant les années marquées par l’affaire Dreyfus, étaient déjà largement esquissées lorsque paraît l’article en septembre 1888.
Le jeune Maurras et Pierre de Coubertin
En 1888, Maurras a vingt ans, il est jeune journaliste. Enthousiasmé par l’ouvrage de Pierre de Coubertin L’Éducation en Angleterre, il lui consacre en mai 1888 un article intitulé Un sage voyageur dans L’Observateur français, journal catholique et contre-révolutionnaire fondé un an plus tôt par Joseph Denais.
Les jugements de Charles Maurras sur Pierre de Coubertin varieront ensuite beaucoup, mais il ne désavouera jamais cet article de jeunesse, qui sera repris dans le Dictionnaire politique et critique, privilège de peu de textes antérieurs à 1893.