Noir ou blanc ?

Ce qui est blanc est blanc. Ce qui est noir est noir.

L’obéissance peut-elle, pour un catholique, aller jusqu’à confesser que ce qui est blanc est noir ?

Telle est la question que pose la condamnation de l’Action française par Rome en 1926, résumée en une formule inspirée de notre texte de cette semaine : la préface à L’Action française et le Vatican signée conjointement par Daudet et Maurras en 1927. Peut-être Maurras a-t-il eu, en trouvant la formule, une pensée pour son cher Dante et pour ces guelfes blancs et noirs dont il connaissait bien l’histoire et les démêlées compliquées avec la papauté. Continuer la lecture de « Noir ou blanc ? »

L’organe du nationalisme intégral

Organe du nationalisme intégral : la formule est en sous-titre de chaque numéro de L’Action française quotidienne. Elle ne doit rien au hasard.

« Organe » dépasse la dénomination habi­tuelle et aujourd’hui un peu vieillie d’un journal par lequel un courant d’idées s’exprime dans le champ de l’actualité et du débat quotidien : c’est aussi ce qui a sa place et sa fonction dans un tout. L’Action française est alors un mouvement protéiforme qui, déjà et non sans ambiguités ou déséquilibres, prétend s’adresser aussi bien aux étudiants qu’aux ouvriers, aux « intellectuels » qu’aux sympathisants populaires ou à la petite bourgeoisie, aux diverses classes sociales qu’elle ne nie pas ; elle s’est donc dotée de cercles divers, d’une revue, d’organisations satellites qui s’adressent plus particulièrement à telle ou telle partie du public. En cet âge d’or de la presse, un journal revêt donc une importance particulière pour réunir ces branches — diverses par leur nature, leur public ou leur orientation — en un faisceau qui manifestera l’unité dont elles procèdent. Continuer la lecture de « L’organe du nationalisme intégral »

Dispares ordines sane proprios bene constituae civitatis

Le lecteur de La Politique naturelle, préface de Mes idées politiques, remarquera, vers le milieu du troisième chapitre Hérédité et Volonté, le paragraphe suivant :

… L’étranger qui nous visitait sous l’ancien régime admirait le français délicat, pur et fin, que parlaient de simples artisans du peuple de Paris. Leur langage réfléchissait comme une surface polie un ordre de distinction naturelle inhérent aux sociétés bien construites : dispares ordines sane proprios bene constitutae civitatis, comme la sagesse catholique le constate si fortement…

On le trouve aux pages 38-39 (en chiffres romains) de l’édition originale de 1937, et à la page 201 du second tome des Œuvres capitalesContinuer la lecture de « Dispares ordines sane proprios bene constituae civitatis »

Le déferlement du n’importe quoi

Ne pas vérifier ses sources, se tromper et ne pas se donner la peine de rectifier, considérer que toute erreur que l’on commet soi-même est vénielle par définition, tels semblent bien être les canons du journalisme contemporain. Le vrai et le faux se valent, et une préférence systématique va au n’importe quoi.

Et si rien ne distingue au fond le vrai du faux, la réprobation ne doit pas tant toucher celui qui a proféré une énormité que le mauvais coucheur qui l’a dénoncée. Quel attardé, quel fâcheux, en effet, que celui qui s’obstine à exiger l’exactitude et à vitupérer l’inexactitude, alors que seule compte, selon les cas, l’émotion suscitée ou l’indi­gnation brandie !

Généralement, nos modernes râleurs attribuent ces défauts à l’air du temps, ce temps frelaté que nous vivons, alors que jadis la bonne éducation, le scrupule et la probité intellectuelle étaient de mise. Ah, qu’elle était chérie et recherchée, la Vérité, au doux temps d’autrefois… Continuer la lecture de « Le déferlement du n’importe quoi »

Réponse à un lecteur de L’Huma

L’Action française quotidienne commence à paraître le 21 mars 1908. Outre le premier article du premier numéro, article collectif traitant du nationalisme intégral et co-signé par ceux qui seront les principales figures du journal, Maurras signe le 22 une revue de presse sous son pseudonyme bien connu de Criton. Même chose le lendemain 23. Nous numériserons à l’occasion l’une ou l’autre de ces revues de presse pour en donner une idée, sans doute ferons nous de même pour celles qui parlent d’événements ou d’écrits plus particulièrement remarquables ou histo­riques, ou encore pour celles qui développent des vues originales, mais leur masse même, leur caractère souvent très circonstanciel et le fait que parfois la plupart des lignes n’y sont pas de Maurras lui-même mais des publications dont il fait la revue en diminuent l’intérêt.

Il faut donc attendre le 24 mars 1908 pour trouver un article signé « Charles Maurras » dans L’Action française quotidienne, premier d’une très longue liste. Continuer la lecture de « Réponse à un lecteur de L’Huma »