Précisons d’abord à nos lecteurs qui, bien que francophones, ne ne seraient pas familiarisés avec certaines expressions, ou même aux plus jeunes, que le conte bleu dont il est question dans la Politique du 23 novembre 1926 est bleu comme on est dans le bleu ou comme on n’y voit que du bleu : La Vie catholique brode dans le vague, ne comprend visiblement rien aux objections qui lui sont faites, ou ne veut rien y comprendre, et finalement raconte n’importe quoi. Le conte qu’elle fait est donc un conte bleu, expression qui désigne aussi un conte à dormir debout. On l’aura compris, c’est d’un nouveau texte partiellement repris dans L’Action française et le Vatican qu’il s’agit.
Quoi d’autre dans cette Politique ? Un post-scriptum sur Gressent-Valois plus traître que jamais, quelques tensions avec l’Italie fasciste, mais surtout un développement sur la politique d’alliance des partis républicains, où Maurras nous réexplique que la droite modérée n’a aucune chance de succès réel dans le jeu des institutions républicaines qui sont faites pour mener au désastre. Au mieux a-t-elle le choix entre les Mauvais — en l’occurence les radicaux — et les Pires — les socialistes.
Manière de rappeler en prenant exemple de l’actualité et du malheureux Jacques Bardoux la mise en garde qui concluait le chapitre vingtième de Kiel et Tanger :
Une fois de plus se vérifiait la loi du développement historique de ce régime où les meilleurs ne servent qu’à fournir aux pires des prétextes plus respectables, des moyens d’action plus puissants. Les bonnes intentions de la République conservatrice avaient fourni des armes contre la France aux républicains radicaux. Pendant les trois ou quatre dernières années de son sultanat, beaucoup d’écrivains patriotes réclamèrent la tête de M. Delcassé : que ne réclamaient-ils la destruction de la République ? Cela seul importait.
Libre au lecteur d’imaginer si ces leçons des premières décennies du vingtième siècle ne sont pas encore de quelque utilité aux premières du vingt-et-unième !