Il y a 105 ans jour pour jour paraissait le numéro de la Gazette de France où Charles Maurras publiait cette Querelle du peuplier que nous vous proposons aujourd’hui accompagnée d’un texte antérieur de quelques mois.
Quand André Gide pose une question, Maurras y voit une réédition de celle du phoque devant le roi Salomon…
Nous laissons nos lecteurs apprécier ce qui était là visé chez André Gide, de son caractère amphibie ou de son protestantisme familial caricaturé ici en biblomanie. Tout au plus préciserons-nous que les mœurs des pinnipèdes étaient déjà l’objet de locutions populaires en 1903, les lexicographes l’assurent.
Car ce n’est qu’en 1903 que se déclenche cette Querelle du peuplier, comme on va la baptiser durablement, entre Gide et Maurras, alors qu’elle a pour mobile un roman publié par Barrès en 1897, Les Déracinés.
Gide a republié quelques vieux articles, il a ajouté une note qui semble viser un texte de Maurras paru, lui, en 1898, L’Idée de la décentralisation. Maurras y parlait en effet de Barrès et de son influence sur le mouvement régionaliste et fédéraliste. Maurras répond vivement à Gide.
La querelle ne se bornera pas à Gide et à Maurras : beaucoup d’auteurs en vue prendront parti pour l’un ou pour l’autre dans diverses revues, jusqu’à l’étranger.
C’est que sous le caractère parfois amusant, sous les accusations plaisantes de coquetterie, les phoques et les leçons d’arboriculture citées avec une pédanterie ironique, la question est d’importance : où s’enracine-t-on ? comment faire lorsqu’on est d’ici et d’ailleurs pour être de quelque part, pour ne pas être un déraciné barrésien ?