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Le Pape, la Guerre et la Paix

… à moins de cela, mon cher Glaucon, il n'est point de remède aux maux qui désolent les États, ni même à ceux du genre humain ; jamais cette république parfaite dont nous avons dressé le plan ne paraîtra sur la terre et ne verra la lumière du jour.

Platon, République.

Le Pape, le Guerre et la PaixÀ Louis Dimier 1

Mon cher ami, comment le cours des choses a-t-il bien pu substituer si longtemps ma plume à la vôtre dans l'examen de ces questions de politique religieuse qui concernaient un catholique, un membre de l'Université, un philosophe et un écrivain comme vous ?

Vos premières absences de Paris, vos études, vos courses, et puis ce fait majeur que j'étais le plus assidu dans notre cave de la rue du Croissant à l'heure nocturne où étaient apportés les sujets à résoudre, où se nouaient les discussions, où l'esprit public devait être mis en garde au plus tôt par notre Action française ; ainsi s'est constituée peu à peu l'usurpation. Elle a fini sans doute, et il le fallait ! Vous avez fortement repris votre rubrique, et c'est tant mieux. Mais relisant les notes journalières que l'on me conseille de recueillir, je me dis qu'il est bien heureux que nous soyons liés, l'un et l'autre, avec un goût si vif d'expliquer les idées très simples afin de les conduire au plus haut degré de clarté ; sans quoi cette besogne qui nous a été imposée par les circonstances critiques n'eût pas été conduite très loin !

Si tant de bêtises dites et écrites contre le pape ne nous avaient pas fait goûter à fond l'âpre plaisir de ranimer de chères vérités utiles (dont quelques-unes, hélas ! grosses comme le poing), je crois bien que nous pencherions aux genres de misanthropie les moins recommandables : celui qui se défie de l'esprit humain, celui qui désespère du ressort de l'intelligence de la patrie… Nous ne désespérons de rien. Nous sommes pleins de confiance. Nous recommençons chaque jour notre supplément à nos preuves de la lumière du soleil et de sa chaleur bienfaisante. Une petite poignée d'ennemis intimes nous diffame de tout son cœur ; mais nos amis nous aiment bien. Et nos amis comptent au premier rang de ceux qui donnent leur pensée, leur sang et leur vie à la France. Serviteurs d'intérêts connus, rationalistes sans raison, humanistes étrangers à l'homme, nos ennemis sont jugés par leurs procédés : falsification pure et simple, ou basse chicane. Le résultat les qualifie, car la presse allemande félicite les plus zélés ; un de ces malheureux, connu et apprécié à Francfort pour son offensive constante contre « l'armée française de la plume », porte sur son laurier le visa germanique.

Que disions-nous donc d'offensant ? Nous exposions la vieille antinomie de la Germanie luthérienne et du catholicisme latin. Nous travaillions à rétablir une notion un peu raisonnable du pape, du Saint-Siège, de sa fonction parmi les peuples et au-dessus des peuples. Nous rappelions aussi quel intérêt majeur il y aurait à ne pas être des étrangers ni des inconnus au Vatican. Quel mal était-ce ? Assurément le même que de défendre le clergé et les catholiques français. Il paraît que cette défense était odieuse et insupportable. Et il paraît que la campagne menée contre eux en pleine guerre était parfaite. Les catholiques français se battaient et mouraient pour la France, mais ils y ajoutaient ce délit ou ce crime de distribuer des médailles et des croix, des chapelets et des images : les méchants ! ils faisaient de la propagande pour leur idée. Cela était impardonnable. Mais il était très pardonné au parti adverse de les accuser de lâcheté devant l'ennemi, d'anti-patriotisme, d'embusquage militaire, de trahison. On lira les pièces qui font foi de cette injustice civile. On y verra l'indignité des mauvais citoyens et la timidité des bons. Je n'ai pas estimé devoir séparer ces raisons et ces plaintes catholiques-françaises des raisons et des plaintes catholiques-romaines. Cela est un. L'adversaire lui-même ne le distingue pas. Je n'ai pas à le distinguer.

La Patrie n'en est pas blessée. L'estime est due aux communications naturelles des hommes. C'est le malheur des siècles et la suite funeste de nos révolutions qui ont voulu que de nos jours les nations deviennent des intermédiaires inévitables pour ces rapports humains qui, sans elles, s'effondreraient.

Il n'en a pas toujours été ainsi. Il fut un temps ou l'Internationale ne dépendait pas des nations, mais les présidait et les commandait. Avant d'être Français, Italien, Anglais ou Germain, l'homme du moyen âge fut citoyen d'une civilisation générale, qui avait sa langue, son esprit, ses mœurs, sa foi, sa science, son art, ses façons de sentir, sans aucun souci de la borne des États. La vraie frontière, la frontière religieuse s'étendait jusqu'à la rencontre de la barbarie. Il ne faut pas craindre de le redire : cela était, cela n'est plus. Nous avons eu, mais nous avons perdu l'unité humaine.

Les conditions de ce bienfait renaîtront-elles ? Leur effet reparaîtra-t-il indépendamment de ses causes génératrices ? Ou quelque effet semblable jaillira-t-il de causes nouvelles qu'on ne voit point ? On n'en sait rien encore. Mais, dans l'incertitude, la simple sagesse voudrait qu'on s'attachât avec un respect passionné à tout ce qui survit de nos antiques relations universelles : nous n'avons pas de quoi faire les dégoûtés sous l'orage de dissensions qui s'est abattu sur l'esprit de l'Europe plus encore peut-être que sur ses tristes campagnes ! Je sais bien qu'on décrète l'agonie et la mort du catholicisme, mais il continue à disposer d'un esprit, d'un corps d'institutions, d'un système d'éducation morale, d'une doctrine vigoureuse, de docteurs et de disciples nombreux. L'œil qui les voit ne peut les nier ; comment l'esprit peut-il en faire abstraction quand il se livre à la difficile recherche des organes naturels de l'entente entre les hommes ?

Certains partis jugent, il est vrai, que de meilleures garantes de l'avenir seront les idées toutes nues et n'ayant ni interprètes directs ni organisations qui les servent. Comprenne qui pourra !

Ainsi le vocabulaire officiel des États alliés parait vouloir confier le sort de la concorde future à l'idée la plus générale de la Justice. Je crains que l'on ne courre à de rudes surprises. La Justice est nécessaire pour la paix ; mais y suffit-elle ? Elle pourrait nous causer quelques déceptions. Par la complexité des intérêts et des intentions qu'elle dissimule, qu'elle peut stimuler aussi, la Justice est l'idée litigieuse par excellence. Chacun la veut pour soi. Le tort, le droit, parbleu ! c'est la préface des batailles plus encore que leur conclusion. S'il y a des germes de guerre, c'est bien là.

J'attendrais un peu mieux de la Raison, idée plus simple, agent plus vif, parfois éveillé par des intérêts personnels ou généraux bien compris, enfin moins incapable d'opposer la limite de son barrage aux appétits et aux passions ; sans la proclamer ni souveraine, ni infaillible, on peut en attendre quelque chose à la seule condition qu'elle soit tout à fait elle-même et ne subisse pas d'impure domesticité. Une raison impersonnelle peut servir de mesure aux intérêts divers des nations en présence ; serait-elle sincère si elle négligeait de sourire en secret du voisinage de sa borne et de la faiblesse de ses moyens ?

Mais la raison conseillerait aux peuples divers l'alliance du Siège unique à l'entour duquel sont parlées ou comprises toutes les langues et qui dispose d'un système de puissances de sentiments, seules capables d'émouvoir les intelligences, de fondre les cœurs divisés. Les bataillons ennemis ne s'embrasseront certes pas en vertu de leur simple communauté de foi ou de leur vœu d'obéir aux mêmes règles d'amour et d'équité ; mais de leur rencontre en un lieu supérieur peuvent résulter, à la longue, des conciliations qu'on n'eût pas espérées plus bas.

Il faut ici redemander si les patriotismes en présence autorisent ces rapprochements. La question n'est pas vaine. Elle se pose, mais elle ne se poserait pas sans la vigueur et l'influence de faux systèmes qui nous ont coûté plus encore de déperdition cérébrale que de pertes de sang ; ce qui n'est pas peu dire, après le long massacre des guerres nationales ouvertes en 1792 et qui vont s'aggravant.

Nos beaux esprits n'aiment pas l'idée de patrie. Mais l'idée d'une religion universelle les enflamme aussitôt d'un beau courroux patriotique. Pour brouiller l'un et l'autre, ils ne sont jamais si heureux que lorsqu'ils ont formé à propos de « la » patrie ou « des » patries quelque raisonnement absurde qui tire tout son avantage de ce qu'il transfère par exemple à l'Allemagne ce qui est le bien de la France, ou réciproquement. C'est déjà un sophisme de concevoir tous les « patriotismes » sur le type d'un seul, comme s'ils étaient de même force et de même droit. Mais d'aller choisir pour modèle uniforme le patriotisme français, autant vaut d'adopter le mille marin pour auner de la toile. Cela ne mène qu'à des confusions ridicules soldées par des conflits brutaux.

Au lieu de considérer dans les patries existantes des hommes différents, pour dégager de leurs rapports l'idée générale de la patrie humaine, on commence par les rêver identiques en tout à la nôtre ! Oui, la France est une patrie. Mais toutes les patries ne sont pas la France, ni pareilles à la France. Il y a des obligations que toute patrie comporte, il en est d'autres que la patrie française seule suggère. Tout homme doit de la gratitude à sa terre mère et nourrice, mais croit-on que l'homme d'Allemagne, si véhément que soit son esprit national, soit débiteur des mêmes biens et d'autant de biens que l'homme de France ?

Chez nous, la somme de bienfaits dont chaque membre du pays est redevable à l'ensemble du territoire et du passé atteint à des proportions fantastiques. Sans le tout, aucune partie n'y est imaginable, et presque toutes semblent avoir été engendrées de lui. En France, notre dette nationale et notre dette sociale se confondent à peu près sur toute la ligne. La situation est différente en pays allemands ; là, les parties préexistaient si bien à leur total qu'elles se distinguent encore de lui et même s'en détachent assez facilement à l'œil nu. On sait, on voit, on cite exactement les âges où il y avait, là-bas, des familles, des villages, des États, et où il n'y avait point d'Allemagne, et où nul ne songeait qu'il dût y en avoir une. Chez nous, cela se perd à peu près partout dans la nuit des âges. L'auteur breton de La Réforme intellectuelle a pu écrire sans hésiter ni faire hésiter son lecteur : « … la France qui a créé tout ce dont nous vivons, tout ce qui nous lie, ce qui est notre raison d'être… »

Soit dit pour prévenir toute confusion germanique : il ne s'agit point là de l'idée de la France ni de son rêve dans les cerveaux, mais de sa pleine et active réalité.

Un bon Français ne se demande pas plus ce que vaut l'unité française qu'il ne s'interroge sur ce que vaut sa mère. Et c'est aussi ce dont se garde un loyal Hambourgeois en ce qui concerne son berceau de Hambourg, mais l'unité de son pays, l'empire, peut être nommée un bien ou un mal, un progrès ou un recul, cela peut être jugé et l'est sans dommage, étant offert à l'expertise et à la critique comme toute œuvre un peu récente où la main de l'homme reste sensible. Que si l'Allemand du commun ne prend pas garde à ces vérités et confond patrie et empire, la défaite l'aidera à voir plus clair dans l'erreur allemande, ce qui sera un inestimable bienfait.

Un Allemand lucide pourrait tomber d'accord avec vous, mon cher ami, de l'élément un peu factice que vous avez si bien saisi dans sa nationalité. Elle est aussi différente que possible de l'œuvre de création sociale et de conservation tutélaire que nous avons appris à vénérer dans la France. Des hommes et des peuples ont fait l'Allemagne. L'Allemagne ne les a pas faits. L'unité allemande peut être un bienfait ajouté à d'autres, mais quand on y arrive, on ouvre un compte nouveau ; à des valeurs fondamentales, incontestées, antiques, et créant des obligations nécessaires, succèdent d'autres valeurs, plus récentes, et d'un titre et d'un poids qui n'est pas comparable au premier.

Le patriotisme n'a que faire de troubler l'œil du patriote. Il ne faudrait pas croire que nous ayons voulu faire la part belle à notre pays. Nous ne donnerions pas l'avantage à la France si, au lieu de sa nationalité et des racines du patriotisme, nous examinions notre régime politique avec la prime qu'il décerne aux moins éclairés et aux moins bons ou bien si nous considérions comment l'autorité décentralisée des États germaniques accorde aux citoyens la décision sur les affaires qu'ils peuvent connaître et les en préserve sur les sujets moins accessibles au jugement des particuliers. Du point de vue rationnel où nous nous plaçons, rien n'importe que le vrai. Au nom du vrai, nous reconnaîtrions que l'esprit public allemand, inférieur par endroits à l'esprit public français, lui est supérieur sous d'autres rapports. C'est la même clarté indépendante des sentiments nationaux qui nous manifeste qu'une des misères du monde tient aux ambitions indignes du patriotisme germain à qui l'égalitarisme international a tourné la tête. Ce dogme de l'égalité des nations est la cause de l'anarchie européenne. On multiplie l'égoïsme et les jalousies quand on donne des noms divins aux vulgaires passions de la nature et de l'histoire.

Ainsi divinisés et sacrés, supposés égaux, identiques pour tous les peuples, les patriotismes voudront apparaître de plus en plus irréductibles. Ils seront estimés plus purs à proportion qu'ils se montreront plus farouches. Ils le diront et le croiront, et il s'en suivra de leur part une difficulté croissante à entrer dans aucune considération ni combinaison internationale modérée ou sensée. Mais aussi qu'arrivera-t-il ? On verra s'aggraver ce qu'a vu la planète depuis la Révolution ; imbus des mêmes droits, les peuples courront aux mêmes buts, afficheront les mêmes visées et se rueront aux mêmes tueries, pour les mêmes mirages.

L'anarchie anti-patriote se dressera-t-elle au cœur des nations ? Elle ne corrigera aucun de ces maux. Son office se borne à compliquer de guerres civiles les guerres étrangères. Pour garder un espoir d'entente éventuelle entre les hommes par la répartition équitable des réalités et des influences, il faudrait respecter les attachements nationaux en s'appliquant à rétablir quelque sentiment des différences entre les peuples, les notions de préséance et même d'inégalité, la délicate appréciation des degrés sur lesquels montent et descendent les fortunes et les valeurs.

Il faudrait donc renouveler l'esprit public universel. Cela suppose de profonds retours psychologiques où le moral et l'organique, le goût de la spontanéité et celui de l'ordre se compléteraient l'un par l'autre au lieu de s'opposer puérilement. Car, de toute évidence, la réforme des esprits ne saurait suffire. Tant pour maintenir que pour régler leur accord, il faudrait un axe visible, un centre, un rond-point matériel où se retrouver. Il faudrait aussi le tribunal international capable de juger sinon les faits, qui échappent trop, du moins les idées et les sentiments, de manière à rendre bien claires les distinctions utiles et à simplifier la vie générale en la dégageant de quelques erreurs que des intérêts passionnés exploitent sans fin. J'ignore si l'état du monde permettrait à la Cour romaine de saisir aujourd'hui ce rôle. Si elle le pouvait, la raison cesserait son recul, un langage fixe pourrait être rendu aux peuples et ce retour à des manières communes de penser épargnerait bien des existences futures !

Les menues querelles n'en seraient pas éteintes. Mais que seraient ces batailles d'anciens régimes auprès des immenses conflagrations allumées par le songe auquel on fait croire les peuples et que nulle réalité ne peut accomplir. Les égaux (ou crus tels) se battent toujours. Avant de conduire l'humanité à son cimetière, une démocratie universelle ne serait que champs de carnage. Les hommes qui voudront en soulager le monde s'efforceront d'abord de le sauver de l'idéalisme qui l'engendra, du statut faux et branlant qu'il prépare. Un peu aménagée, la vie réelle est naturellement assez variée, assez large, assez souple et assez complexe pour faire à peu près sa place à chacun ; combien elle sera redevenue facile quand l'homme aura cessé d'être berné par la chimère qui dégoutte de sang.

Ah ! non, ce n'est pas seulement le prolétariat qu'elle berne, suivant ce mot de M. Jules Guesde au Congrès d'Amsterdam, que vous retrouverez dix fois cité au long de ces pages ; bourgeoisie, patriciat, monarchie même ont eu part, ainsi que le genre humain tout entier, à cette immense mystification alimentaire et sanguinaire montée on sait bien où, on sait par quelles gens, contre la profonde sagesse catholique ou ce qu'elle enseigna de l'art de vivre et de penser.

De votre point de vue religieux et national, mon cher ami, de mon point de vue national et politique, efforçons-nous donc d'en finir avec cette ennemie de l'homme dont une prétendue pensée moderne a tiré ses perfides fables, ses homicides excitations. À ce culte des Droits de l'Homme dérivé du Luther qui divisa l'Europe, du Rousseau qui déchira notre France, du Kant qui donna sa figure au schisme allemand et façonna le rêve de l'égalité des nations d'où s'est développée tant de fureur barbare, à ce nationalisme anarchique et révolutionnaire qui gonfle, depuis Fichte, les veines du peuple germain, sorte de panthéisme ethnique par laquelle a commencé la Pangermanie, nous pouvons répliquer, assis sur le charnier de nos invasions :

Tantum religio potuit suadere malorum 2 !

Mieux que l'autel de Diane sur le sacrifice d'Iphigénie, la fausse religion de l'Europe et de l'Amérique se juge sur les flots du sang qu'elle a sacrifiés depuis cinq quarts de siècle. Il est temps de reprendre quelque voie qui fasse rentrer notre patrie et toutes les autres au bercail de l'humanité.

Charles Maurras
  1. Dans cet éditorial, Maurras transmet en quelque sorte la responsabilité des chroniques de politique religieuse de L'Action française à Louis Dimier. Ces changements dans les attributions des uns et des autres furent sans doute consécutifs à la disparition d'Henri Vaugeois. Louis Dimier n'est pas le premier venu ; il fut le fondateur de l'Institut d'Action française en 1906 et il en est toujours le dirigeant en 1917. Spécialiste de l'histoire, de la littérature et surtout critique d'art, il est en plein accord avec Maurras sur le plan politique, mais s'en éloigne sur le plan littéraire et esthétique. En particulier, il refuse ce qu'il appellera plus tard le « nationalisme littéraire » et ne partage pas les théories de Maurras sur le « génie français », l'origine du romantisme, la définition de l'art classique ou la corruption de l'intelligence française par le germanisme. Là où Maurras incrimine Rousseau et Kant, Dimier fait remonter le mal français à l'Encyclopédie, contre laquelle il n'a pas de mots assez durs. Ces divergences sont anciennes et profondes ; sans doute Vaugeois savait-il les les maîtriser mais, après sa mort, elles ne connaîtront plus de frein. Dans son éditorial, l'agnostique Maurras propose un compromis au catholique Dimier ; plutôt que d'opposer France et Allemagne, opposons le génie catholique et latin à la barbarie de la Germanie convertie au luthérianisme. Nous ignorons dans quelle mesure Dimier aura accepté cette « main tendue ». L'équilibre entre les deux hommes au caractère affirmé durera trois ans ; en 1920, après une dispute mémorable, Dimier quittera l'Action française et la politique en général pour ne plus se consacrer qu'à la critique d'art. (n. d. é.) [Retour]

  2. Lucrèce, De rerum natura, livre I, vers 101 : « … Tant la religion a pu inspirer [aux hommes] d'aussi atroces barbaries. »

    Il faut s'entendre sur le mot de religion : cf. notre note 23 dans la postface du Chemin de Paradis. Cette note se référait aux passages précédents, qui décrivent comment Épicure triomphe de la soumission des hommes aux croyances primitives et barbares. Ici, l'atroce barbarie exigée par la religion est le sacrifice d'Iphigénie, dont le vers 101 conclut le récit tragique ; et c'est là une illustration de ce dont Épicure aurait réussi à sortir le genre humain. La traduction la mieux appropriée devrait donc éviter le mot religion, surtout s'agissant ici du pangermanisme tel que Maurras le jugeait en 1917. Idolâtrie obscurantiste conviendrait mieux. (n. d. é.) [Retour]

Recueil paru en 1917.

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