Du Chemin de Paradis… aux chemins du Progrès social

En 1920, Maurras entreprend une révision de l’écriture des neuf Contes du Chemin de Paradis, publiés vingt-cinq ans auparavant. La Bonne Mort sera totalement supprimée, ainsi que les deux tiers des Deux Testaments de Simplice ; les autres subiront des modifications plus ou moins importantes. L’ensemble est introduit par un Avant-Propos, sous-titré Réflexions sur un premier livre 1895-1920, dont une publication anticipée sera faite sous forme d’article dans la Revue Universelle du 15 janvier 1921.

Dans la première réédition du recueil ainsi refondu, qui n’est plus sous-titré Mythes et Fabliaux, mais Contes Philosophiques (de Boccard, 1921), l’Avant-Propos ouvre le livre et vient avant la Préface de mai 1894. Mais dès la suivante (Lardanchet, 1922), il devient Postface et se déplace en fin du volume. Il sera par ailleurs absent des éditions illustrées. Continuer la lecture de « Du Chemin de Paradis… aux chemins du Progrès social »

La préface du Venin

La première édition du Chemin de Paradis fut publiée chez Calmann-Lévy en 1895. La préparation de l’ouvrage et son impression ont dû prendre un certain temps, car la préface, dédiée à Frédéric Amouretti, est datée de mai 1894.

Bien que le recueil de Contes qu’est Le Chemin de Paradis ne soit pas la toute première publication de Charles Maurras, celui-ci le présente dès le début de cette préface comme « mon premier livre ». Il est vrai que Théodore Aubanel (1889) et Jean Moréas (1891) peuvent être considérés comme de simples brochures. Mais la vraie raison n’est sans doute pas là. Continuer la lecture de « La préface du Venin »

La servitude est abolie, chères ombres !

Ainsi parla Mercure, annonçant aux esclaves rassemblés aux Enfers que, là bas, dans le monde visible, la Liberté régnait désormais. Et ce, sur toute l’Humanité, anciens esclaves compris. La Liberté, c’est être le seul maître de soi, ne dépendre de personne…

Les esclaves ont reçu le gouvernement de leur âme. Ils ne sentent plus d’autres jougs que ceux de vivre et de mourir. Ils disposent de tout leur cœur.

Et il ne tient qu’à vous, ajoutait-il, de jouir de ce bienfait inestimable. Je vous offre la coupe du Léthé qui vous permettra de revenir dans le monde des vivants.

Mais les esclaves que Maurras met en scène dans son conte des Serviteurs refusent cette faveur. Ils ont retrouvé aux Enfers leur maître bien aimé. Certes, celui-ci savait parfois se montrer cruel. Mais qu’il était doux et simple de se reposer sous son autorité ! Le seule idée de devoir apprendre à se gouverner soi-même leur apparaît insupportable. D’autant qu’ils imaginent avec clairvoyance toutes les dérives de la société démocratique. Mercure en convient volontiers, et repart avec sa coupe. Les Ombres sont restées chez les Ombres. Continuer la lecture de « La servitude est abolie, chères ombres ! »

L’esprit vainqueur de la chair ?

Le troisième des contes du Chemin de Paradis, dernier de la série des Religions, s’intitule La Reine des Nuits. Cette reine n’est autre que la Lune, décrite ici comme la divinité du désir charnel, non celui qui s’exprime le jour, en conscience et dans la société, mais celui qui peuple les rêves et s’évanouit à l’éveil. Et voici que cette Lune s’éprend d’un vieux philosophe qui passe ses journées d’étude à percer les secrets de la Beauté et de l’Amour. Elle l’enlève et s’offre à lui, allant même jusqu’à se transfigurer pour prendre la forme des anciennes amours terrestres du vieillard ; mais celui-ci parvient à résister à la tentation. Le Songe et la Connaissance resteront donc à jamais étrangers l’un à l’autre. Continuer la lecture de « L’esprit vainqueur de la chair ? »

Rudesse des murailles et laideur des visages

En février 1897, Charles Maurras passe huit jours à Florence. Ses impressions seront consignées dans trois articles publiés par la Gazette de France les 15 mars, 22 mars et 10 mai ; à leur tour, ces articles dont le titre d’origine est « À Florence, premières vues » donneront naissance aux « livres » IV et V d’Anthinéa, recueil qui paraît en 1901. La partie consacrée à Florence s’y trouve en troisième position, après Athènes et la Corse, avant la Provence.

Nous publions aujourd’hui le livre V, qui contient en fait l’ensemble des réflexions de Maurras sur Florence et son histoire, puis sur les considérations sociologiques et géopolitiques que cette ville unique entre toutes a pu lui inspirer — le livre IV n’étant consacré qu’à un seul musée, qui aurait fort bien pu se trouver ailleurs. Toute la Florence de Maurras est donc dans ce Génie toscan. Continuer la lecture de « Rudesse des murailles et laideur des visages »

Quand la Douce Mort se fait moins douce

Le sixième des contes du Chemin de Paradis, troisième de la série des « Voluptés », est sans doute le plus secret de tout le recueil. Il fait partie des inédits, c’est à dire qu’il n’a été publié dans aucune revue avant la parution de l’édition de 1894 ; et dans l’édition de 1921, il est réduit de deux bons tiers de son volume, ne subsistant qu’à travers quelques tableaux privés de leur introduction et de leur fil conducteur. Pis encore : Maurras avertit le lecteur qu’il n’aura rien perdu à cette amputation, car « la pauvre donnée primitive mérite à peine les miséricordes muettes de l’oubli », affirme-t-il. Continuer la lecture de « Quand la Douce Mort se fait moins douce »