Un discours maurrassien

À quoi ressemblait un discours de Maurras ? Pas un grand discours vibrant reproduit dans l’AF, mais un de ceux qu’il devait faire plusieurs fois par mois, devant une assistance restreinte ? Eh bien en voilà un, que reproduisait en 1938 L’Étudiant français. Petit discours de circonstance, donné pour un dîner des avocats proches de l’Action française, en février 1938, au restaurant Noël Peters — endroit mémorable s’il en est puisque le homard à l’américaine y fut inventé.

Noël Peters, la salle mauresque.
Noël Peters, la salle mauresque.
Un tel discours, c’est un mélange des circonstances du moment (ici le dîner des avocats, on parlera donc de droit), d’actualité (le Front populaire continué par Chautemps et les lointaines suites de l’affaire Stavisky), de souvenirs glorieux (l’autre Affaire, fondatrice) et de principes politiques (le rappel à la monarchie) ou moraux (les conditions d’une société juste).

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Les premiers articles de Charles Maurras

Le Livre d’Or du Jubilé littéraire de Charles Maurras est paru en juillet 1937. C’est un ouvrage de luxe tiré à 341 exemplaires, dont 200 réservés aux souscripteurs qui se sont inscrits pendant l’année 1936 sur une liste de « bienfaiteurs de l’Action française ». Les dates ont une certaine importance, car à quel millésime, 1886 ou 1887, faut-il faire remonter les débuts littéraires de Charles Maurras ?

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Un complément sur Pouvillon

Notre article sur Émile Pouvillon aurait été incomplet sans le rappel de ce que Maurras écrivit pour le centenaire de la naissance de Pouvillon. Il s’agit d’un passage de son article quotidien de L’Action française du 19 octobre 1940, qui sera repris dans le chapitre « Lectures et anniversaires » du recueil De la colère à la justice paru en Suisse au printemps 1942.

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Anna de Noailles

Adorée de tous, mais moins qu’elle ne s’adorait elle-même ?

Contemporaine de Maurras, dont elle est de huit ans la cadette, la comtesse Anna de Noailles connut de son vivant une grande célébrité.

La postérité lui fut moins favorable. Elle aurait pu devenir une icône incon­tournable du féminisme, des droits de l’homme, ou de l’intégration des immigrés (elle était mi-Grecque, mi-Roumaine). D’autres qu’elles aujourd’hui occupent ces places. Certes, quelques rues, quelques collèges portent son nom, mais on aurait pu s’attendre à mieux. D’où vient cette relative désaffection ? Continuer la lecture de « Anna de Noailles »

Retour sur le Monument à la Victoire de Rouen

Voici la rentrée, déjà la quatrième pour notre site ouvert fin 2006. Avant de reprendre le fil nourri de nos publications, revenons un instant sur un événement qui nous avait alertés aux premiers jours du mois de février dernier : la chute de la tête d’une statue faisant partie du monument aux morts de Rouen, tête dont la ressemblance avec celle de Charles Maurras avait fait penser à un geste de dégradation volontaire d’inspiration politique.

C’est du moins ce que dénonçaient divers blogs, avant que la presse locale ne s’en fasse elle-même l’écho.

Rapidement, les autorités municipales rouennaises ont réagi, contestant toute hypothèse d’un acte de malveillance, et imputant l’accident à l’usure naturelle de l’ouvrage et aux conséquences d’un gel hivernal anormalement rude. Continuer la lecture de « Retour sur le Monument à la Victoire de Rouen »

Dispares ordines sane proprios bene constituae civitatis

Le lecteur de La Politique naturelle, préface de Mes idées politiques, remarquera, vers le milieu du troisième chapitre Hérédité et Volonté, le paragraphe suivant :

… L’étranger qui nous visitait sous l’ancien régime admirait le français délicat, pur et fin, que parlaient de simples artisans du peuple de Paris. Leur langage réfléchissait comme une surface polie un ordre de distinction naturelle inhérent aux sociétés bien construites : dispares ordines sane proprios bene constitutae civitatis, comme la sagesse catholique le constate si fortement…

On le trouve aux pages 38-39 (en chiffres romains) de l’édition originale de 1937, et à la page 201 du second tome des Œuvres capitalesContinuer la lecture de « Dispares ordines sane proprios bene constituae civitatis »