Olivier de Serres ne ment pas

Olivier de Serres, par Bauchant

« L’une des plus nobles et des plus pures gloires de la patrie française » : Maurras ne parle là ni d’un militaire, ni d’un saint ni d’un ministre royal, mais d’un agronome, Olivier de Serres, auteur à la toute fin du seizième siècle du Théatre de l’agriculture et mesnage des champs. Maurras l’avait cité parfois dans les textes que nous avons publiés, en particulier dans Le Théorème du cyprès. Le Théâtre est un vaste manuel d’agriculture et de vie rurale, à la fois dans la tradition des traités antiques comme le De re rustica de Caton et déjà proche des traités modernes avec leur préoccupation de productivité rationelle et de juste profit.

Voilà bien Maurras sur la fin, s’écrirera-t-on, soutenant les lubies ruralistes et agricoles de la Révolution nationale ! Eh bien non : ce texte date de 1887, dans La Réforme sociale, et Maurras n’a pas vingt ans.

Qui plus est Maurras, contre une représentation trop facilement répétée, s’y montre déjà ennemi décidé de l’étatisme :

« Pourquoi donc M. Vaschalde vient-il demander l’intervention de l’État, la fondation d’une ferme-école, sur ce terrain où a fleuri si puissamment l’initiative d’un particulier ? Non, « le plus éclatant hommage rendu à la mémoire du grand agronome » ne serait pas d’exproprier ses légitimes héritiers et de faire diriger par des fonctionnaires le patrimoine du Pradel. »

C’est aujourd’hui une association, l’Institut Olivier de Serres, qui gère le domaine restauré du Pradel.

Enfin, dernier paradoxe de ce petit texte pour dérouter ceux qui auraient de Maurras une idée arrêtée à des clichés trop simples, il faut rappeler ici qu’Olivier de Serres — « l’une des plus nobles et des plus pures gloires de la patrie française » — était un représentant éminent de l’« État confédéré » protestant…