Le parasite a la vie dure

Le parasite parlementaire éliminé

Un parasite ? quelque chose qui se développerait dans son hôte, qui le mangerait de l’intérieur pour finalement le tuer en émergeant de ses chairs et passer au suivant ? La science fiction et la pop culture aidant, le mot de « parasite » nous évoque spontanément un alien qui décime peu à peu l’équipage du Nostromo. Il faut avouer que l’image est tentante quand on sait que le texte que nous vous proposons aujourd’hui, Le Parasite éliminé, est un article anti-parlementaire de Maurras : dans la galère démocratique à la dérive, un alien mange, se multiplie en assemblées grandes et petites, parasite les corps sociaux sains, vit d’eux, les épuise, les tue par l’impôt et l’incompétence ; ce parasite à éliminer une fois qu’on l’a reconnu, c’est le parlementaire.

Mais en 1908, Maurras ne connaissait pas Ellen Ripley et n’avait pu être troublé par l’interprétation de Sigourney Weaver.

« Comme la Chine de la maladie de l’opium, l’Europe se relève du mal des parlements. Il y a cinquante ans que les gens informés le savent. Tout le monde, aujourd’hui, le voit. »

Son parasite, c’est plutôt le parasite classique, ce type de la littérature antique. Littéralement, c’est celui qui mange à côté, qui profite du repas d’un autre. Généralement à la table d’un riche personnage, le parasite le flatte, l’endort de paroles, joue au bouffon ou encore le trompe ; ainsi vit-il aux dépens d’autrui, comme le parlementaire vit – fort bien, Maurras rappelle au passage l’appellation de « quinze mille » – aux dépens de ses électeurs et du pays.

Le parlementarisme est fini nous promet Maurras, mais plus d’un siècle après, nous n’en avons pas fini avec ces « parasites ». Il faut les croire plus résistants qu’on ne l’a pensé vers 1908, puis entre les deux guerres, puis vers la fin de la quatrième république, ou encore, semble-t-il, plus résistants qu’on ne pourrait les penser de nos jours.

C’est que la recette proposée par Maurras, jeter les parlementaires à la Seine puis les remettre mouillés sur leurs bancs sans plus s’en occuper et les laisser là mourir peu à peu accablés de désintérêt, cette recette n’a jamais été pratiquée faute de l’ingrédient qui la rendrait possible : la monarchie.