Le détail et l’essentiel

Le journal L’Intransigeant organisa en 1909 un concours auprès de ses lecteurs : il s’agissait de désigner « le plus beau vers français ». Il reçut plus de six mille réponses. Dans un court billet paru dans L’Action française du 11 mai 1909, et repris en 1933 dans le Dictionnaire politique et critique, Maurras s’élève contre le principe de cette consultation qui participe selon lui d’une mode perverse où l’essentiel cède la primauté au détail. Or le génie classique n’est pas dans le détail, mais dans la composition, et isoler, disséquer, trop analyser, c’est mutiler et trahir, c’est quitter le point d’observation idéal d’où l’on peut embrasser toute l’œuvre et en saisir tout le sens. On retrouve ici, en quelques mots simples, les griefs qu’en d’autres articles plus argumentés Maurras a pu faire à Marcel Schwob ou à Ferdinand Brunetière.