Éloge de Lamartine

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Pourfendeur du romantisme comme des romantiques, Maurras n’en éprou­vait pas moins pour certains d’entre eux une grande admiration. Parmi ceux qui ont précédé Baudelaire, c’est incontestablement Musset qui tient la palme ; mais Lamartine n’arrive pas loin après lui.

L’objection : — Et Lamartine ? se trouve déjà sous la plume de Maurras en 1902 lorsqu’il traite du centenaire de Hugo. Elle revient dans un article publié par L’Action française le 23 avril 1912 ; cette fois, c’est Jules Lemaître et sa somme critique Les Contemporains qui en fournissent le prétexte, à propos de Chateaubriand.

Mais l’auteur des Mémoires d’outre-tombe n’est qu’un pâle alibi, et si l’article s’intitule, comme à la plutarquienne, Lamartine et Chateaubriand, Maurras n’y évoque que Lamartine, en termes plus qu’élogieux. Il en vient même à lui pardonner La Marseillaise de la Paix, que nous avions évoquée ici dans la présentation du Parapluie de Marianne, au motif qu’il s’en dégage un tel rythme que ses paroles dissolvantes ne seront guère entendues !

Ce bref article, formaté pour être publié dans un quotidien, a été jugé vingt ans plus tard digne de figurer in extenso dans le Dictionnaire politique et critique, à la rubrique « Lamartine ». Et Maurras l’a de nouveau exhumé de ses archives, au soir de sa vie, pour l’insérer dans le recueil Bons et mauvais maîtres et dans ses Œuvres capitales, preuve s’il en est qu’il n’avait jamais changé d’avis sur la grandeur de l’auteur du Lac.