Un regard de Maurras sur sa surdité

Nous vous proposons aujourd’hui un document publié au début de 1951 sous le titre Tragi-comédie de ma surdité.

C’est une brochure à faible tirage, imprimée à Aix-en-Provence sur grand papier, ce qui contraste avec la piètre qualité de la composition qui fourmille de coquilles, de plus en plus graves à mesure qu’on s’approche des dernières pages. Manifestement, Maurras n’a pas relu les épreuves. On peut également penser qu’il n’a pu relire la fin de son manuscrit, tant la rédaction devient parfois approximative, alors que la première moitié du texte est aussi précise que limpide.

D’après Roger Joseph qui semble en avoir commandité l’édition, la Tragi-comédie aurait été rédigée fin 1944, à la prison Saint-Paul à Lyon ; en fait elle est signée du 27 Janvier 1945. Sa publication six ans plus tard fait penser au Mont de Saturne, qui a connu un calendrier similaire. Compte-tenu de ce qui précède, nous n’avons aucune garantie sur la fidélité du texte publié au manuscrit original, dont nous ignorons en quelles mains il est passé pendant ces six ans.

Ces souvenirs parfois intimes, que Maurras griffonne à la hâte juste avant son procès, craignant que peut-être il ne devienne rapidement trop tard, jettent un éclairage nouveau sur ceux qu’il a publiés quinze ou vingt auparavant, dans les Quatre nuits de Provence ou dans la préface de La Musique intérieure. Nous y découvrons également comment la direction de l’Action Française s’est tant bien que mal accommodée de l’infirmité de Maurras, et comment celle-ci s’est brusquement aggravée au moment de l’Exode de Juin 1940 — détail capital pour comprendre le comportement du chef de l’Action Française pendant les années dramatiques qui ont suivi.